Amérique du Sud: les démocraties inachevées

Il y a plusieurs façons d'évaluer l'évolution générale des régimes politiques latino-américains au cours des dernières années et des dernières décennies. Selon les références que l'on adoptera, cette évaluation sera tantôt positive, tantôt négative. Ainsi, si l'on compare les régimes politiques actuels avec ceux des années 1970, il y a lieu d'être modérément optimiste. Malgré les difficultés énormes auxquelles les gouvernements des pays de l'Amérique latine continuent de faire face, il n'y a jamais eu autant d'États démocratiques dans la région. Le nombre d'élections tenues seulement cette année en est une illustration plutôt révélatrice. Or, un problème fondamental dans la démarche de l'auteur est justement qu'il ne décrit pas ce qu'est une démocratie « achevée ». L'on ne sait pas quelles caractéristiques il lui donnerait ni quel État en constituerait un exemple concret. Ce vide renforce l'importance du jugement de l'auteur car le lecteur présume qu'il doit bien exister des « démocraties achevées », mais il tend aussi à laisser supposer que les problèmes décrits par [Artigas] sont exclusifs aux États de l'Amérique du Sud. Toutefois, dans la réalité, de nombreux États occidentaux-s'il s'agit là de la référence implicite de l'auteur-partagent plusieurs caractéristiques des systèmes politiques sudaméricains lorsqu'il est question de réorganisation sociale, de pratiques populistes ou même de corruption.