L'HÉTÉROPHONIE « STATISTIQUE » ET L'ORALITÉ DANS MOMENTE ET TELEMUSIK DE KARLHEINZ STOCKHAUSEN

Heterophony and "statistical" music can then be seen to be part of a new form of musical orality specific to the twentieth century, which, following Paul Zumthor, can be described as a "second" orality - that is, orality that developed in a context of "writing hegemony" - and "mediated" by new electronic devices. L'apparition de l'hétérophonie dans la musique de l'avant-garde témoigne plus généralement d'un intérêt grandissant pour la « texture » musicale, qui serait plus flexible que la seule « structure », généralement conçue et notée avec plus de précision. Au cours de l'article, les différents niveaux du cadre conceptuel établi par Pärtlas serviront de grille d'analyse pour observer le rôle de cette texture dans la pensée compositionnelle et dans les oeuvres de Stockhausen. CONCEPTION CONVERGENTE DE L'HÉTÉROPHONIE SELON PÄRTLAS ET STOCKHAUSEN Dans son article « Theoretical Approaches to Heterophony » (2016), Pärtlas s'inspire du modèle bipartite proposé par la musicologue Tatiana Bershadskaya et de la célèbre tripartition de l'ethnomusicologue Alan P. Merriam pour joindre la pensée conceptuelle (musical thinking), les comportements (behaviour) des musiciens et le résultat sonore (la texture) en un même cadre théorique (figure 1). À partir de ce modèle, l'autrice met de l'avant l'aspect improvisé de l'hétérophonie, tout en affirmant qu'elle peut correspondre à différentes pratiques musicales « which are characterized by a multilinear texture and which come into being through the process of the simultaneous variation of the same melody when the performers do not control the quality of the vertical sonorities » (Pärtlas 2016, 67).