Classes populaires et usages de l'informatique connectée. Des inégalités sociales-numériques

Porté par des intérêts de connaissance prêtant attention aux classes sociales et aux inégalités sociales, F. Granjon constate que la majeure partie des travaux concernant la « fracture numérique » souffre, paradoxalement, d'une carence dans la théorisation des inégalités sociales, les classes populaires apparaissant comme les oubliées de ces recherches. Les travaux centrés sur les inégalités dans l'accès physique aux outils et dispositifs techniques ont ainsi mis en lumière la présence de laissés-pour-compte par le procès de diffusion : « e-exclus », « faibles usagers » ou « publics éloignés ». Ces investigations prennent en considération la diversité et la nature des répertoires d'usage dont les variations s'expliquent en fonction d'éléments aussi divers que la mobilisation d'un capital social, l'évolution des modes de vie, les configurations familiales, la maîtrise d'un savoir-faire technique ou certaines dimensions de l'ajustement continu entre l'humain et la machine. L'attention portée à cette nouvelle complexité où des pratiques numériques s'enchevêtrent intimement aux pratiques sociales ordinaires des sujets sociaux, en même temps qu'une nécessaire prise de distanciation critique de l'observateur visà-vis du présupposé prenant pour acquis que des pratiques numériques expertes ne pourraient relever de formes d'inégalités spécifiques, font émerger une nouvelle génération de travaux sous l'enseigne des « fractures numériques de troisième degré » fthird-level digital divide).