La valeur des personnes. Preuves et épreuves de la grandeur

Une approche sociologique, Gallimard, 2017), forte également de ses nombreux travaux empiriques dans le domaine de la sociologie de Part et de la culture, N. Heinich nous livre avec ce dernier ouvrage un exercice de sociologie axiologique appliquée à ce que nous faisons tous, tous les jours : attribuer une « valeur » à une personne, qu'elle soit un proche, un supérieur, un subordonné, une relation occasionnelle, un « grand de ce monde » ou une vedette médiatisée. Il ne s'agit pas d'une nouvelle enquête ad hoc portant sur les valeurs d'un échantillon de population, comme cela a déjà été fait, mais d'une recherche empirique, depuis ce qui s'énonce dans cette littérature des façons de procéder plus ou moins établies pour attribuer une valeur à des personnes. Cela fixé, la première partie s'engage dans un balayage minutieux des processus par lesquels se fait l'attribution de valeur à une personne, processus pour le moins complexes, variés, polymorphes et - cela sera établi plus tard - sujets à tensions et parfois à retournements. Les personnages ď .4 la recherche du temps perdu de Proust que N. Heinich convoque, avec bien d'autres, dans des encadrés illustratifs et souvent suggestifs, incarnent avec bonheur la grande latitude avec laquelle se font ou se revendiquent les attributions de valeur des uns et des autres dans un monde pourtant ô combien contraint par diverses étiquettes. L'analogie avec le domaine de la linguistique qui traite de la manière dont fonctionne ou opère la langue, et dont se fera l'écho avec un certain succès le pragmatisme nord-américain puis européen, est là pour souligner que l'activité axiologique à laquelle chacun se prête quotidiennement ne réclame pas une conscience claire des règles qu'il suit en le faisant.