La diagonale de la rage. Une histoire de la contestation sociale en France des années 1970 à nos jours

Pour autant, les concepts canoniques de ce domaine de recherche (la mobilisation des ressources, la structure des opportunités politiques, le cadrage, etc.) ne sont abordés qu'à une seule occasion, justement pour s'en libérer : « Si la protestation s'inscrit dans un cadre donné d'avance en fonction des opportunités et des ressources, contester [...] c'est aussi faire effraction, déborder ce cadre. » Seul le concept de « répertoire de l'action collective » formulé par Charles Tilly (rebaptisé en « grammaire de la contestation ») semble occuper une place centrale dans la démarche de l'ouvrage, notamment dans l'intérêt pour la circulation des modes d'action et les contraintes exercées sur eux par la répression policière. L'auteur y décrit tout d'abord le changement de dramaturgie des manifestations parisiennes : « Une police qui fait la guerre, des cortèges de tête et black blocs offensifs, des street medics en urgence, l'engagement des corps, des lives et images en séries, des groupes de musique vivante pour mettre de l'ambiance, une sociabilité mouvementiste. » Il s'attache, enfin, à décrire la circulation des registres d'action, notamment au cours de la mobilisation contre la réforme des retraites de l'hiver 2019.