Evolution de l'écosystème de l'estuaire du Saloum au cours des derniers millénaires: Apport des diatomées

Dans le cadre de l'inventaire de la flore diatomique de la Séné-Gambie et de la reconstitution de l'histoire des estuaires du Sénégal, une mission d'échantillonnage a été menée le long de l'estuaire du Saloum dans les parties amont de ses trois branches. Les prélévements ont été faits au carrotier russe. Le fond de la vase a été atteint a des profondeurs trés variables. Un total de 150 espéces de diatomées appartenant a 70 genres a été inventorié. La microflore est dominée partout par Cyclotella striata sauf a Néma Ba oü elle admet Nitzschia granulata comme co-dominante. Les espéces euryhalines dominent partout et confirment la double influence marine/eau douce dont le degré a varié au cours du temps et de l'espace. Ces résultats, combinés aux données lithologiques, permettent de tirer les conclusions suivantes: (i) Le dépôt de remplissage de l'estuaire du Saloum, commencé au Nouakchottien, est marqué par une abondance des sables et une pauvreté ou une absence de diatomées; (ii) a la fin de la transgression nouakchottienne le développement de la mangrove permet un dépôt, dans la partie amont du bras principal, de tourbe incompatible avec la conservation des valves de diatomées; ailleurs, les sables diminuent au profit des lutites et autorisent le développement des diatomées; (iii) entre 3500 et 2500 ans B.P., la paléo-productivité primaire et la diversité spécifique augmentent partout et le Bandiala reçoit des apports d'eau douce de la riviére Néma; (iv) aprés 2000 ans BP, l'influence grandissante de la riviére Néma entraine une augmentation des formes oligohalobes le long du Bandiala; (v) au sommet de la série sédimentaire l'agitation du milieu a occasionné le dépôt de sédiments grossiers et l'absence de diatomées.