Que fait l'État aux pratiques soignantes ? À propos du déremboursement des techniques d'AMP pour les femmes/couples titulaires de l'Aide médicale d'État: Commentaire

L’article de C. Schuller, issu d’une ethnographie de services d’assistance médicale à la procréation (AMP), dévoile les conditions dans lesquelles exercent certains médecins du champ de la périnatalité. Ils ne doivent pas laisser accéder aux soins et techniques de l’AMP certaines de leurs patientes,...

Ausführliche Beschreibung

Gespeichert in:
Bibliographische Detailangaben
Veröffentlicht in:Sciences sociales et santé 2021-06, Vol.39 (2), p.103-111
1. Verfasser: Sauvegrain, Priscille
Format: Artikel
Sprache:fre
Schlagworte:
Online-Zugang:Volltext
Tags: Tag hinzufügen
Keine Tags, Fügen Sie den ersten Tag hinzu!
Beschreibung
Zusammenfassung:L’article de C. Schuller, issu d’une ethnographie de services d’assistance médicale à la procréation (AMP), dévoile les conditions dans lesquelles exercent certains médecins du champ de la périnatalité. Ils ne doivent pas laisser accéder aux soins et techniques de l’AMP certaines de leurs patientes, selon leur statut migratoire. Il s’agit ici d’un cas rare où une règle instaurée par l’État central est directement en prise sur les pratiques, sans la médiation des organisations et institutions intermédiaires. Et la préconisation n’a pas de justification clinique (du type ne pas être spontanément fertile) mais juridique (ne pas être régulier sur le sol français interdit un accès à ces soins à moins de les payer). Pour commenter au plus près le texte de Constance Schuller, et aussi parce que je suis spécialiste des questions de migrations et de relations interethniques, je ne traiterai pas dans ce texte des autres raisons pour lesquelles des femmes et des couples sont, encore à l’heure actuelle, discriminés dans l’accès aux soins d’AMP en vertu de leur orientation sexuelle ou du fait de ne pas être en couple.La théorie de la structuration d’A. Giddens permet de considérer la pénétration des contraintes du niveau étatique jusqu’au niveau de l’interaction entre acteurs (Giddens, 1987). Cependant cette théorie inclut, entre le niveau macro et le niveau micro, un niveau méso ou institutionnel. Et celui-ci organise les directives de l’État, sous forme par exemple de recommandations de pratiques cliniques émises par les sociétés savantes, ensuite déclinées sous forme de protocoles dans les services de soins. À partir de recherches récentes menées dans le champ de la périnatalité, ce commentaire vient confirmer l’originalité des résultats dont C. Schuller fait part pour son terrain de recherche. Je discuterai les façons dont l’État y travaille les pratiques soignantes sous trois angles : la logique de double tri effectuée par les soignants pratiquant l’AMP, la valeur implicitement attribuée par la loi à l’AMP, qui met en lumière, exceptionnellement aux yeux mêmes des soignants, l’influence directe de l’État sur leurs pratiques, et les façons dont ce dispositif révèle les divisions au sein du corps médical. Je montrerai enfin, en m’appuyant sur des études menées auprès des mêmes femmes à d’autres étapes de leurs trajectoires de soins en maternité, en quoi la catégorisation ici administrative des femmes (en situation régulière ou non sur le sol français) vient invisibi
ISSN:0294-0337
1777-5914
DOI:10.1684/sss.2021.0201