Hommages : mon Aimé Césaire
À la fin des années cinquante, mes connaissances littéraires se limitaient aux auteurs recensés dans les Lagarde et Michard et à ceux que mes maîtres d’hypokhâgne m’avaient fait découvrir. Et soudain, à la bibliothèque du Foyer des Étudiants de l’AEF (Afrique équatoriale française)--boulevard Pasteu...
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Veröffentlicht in: | Présence africaine 2008-01, Vol.178, p.92-93 |
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1. Verfasser: | |
Format: | Artikel |
Sprache: | fre |
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Online-Zugang: | Volltext |
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Zusammenfassung: | À la fin des années cinquante, mes connaissances littéraires se limitaient aux auteurs recensés dans les Lagarde et Michard et à ceux que mes maîtres d’hypokhâgne m’avaient fait découvrir. Et soudain, à la bibliothèque du Foyer des Étudiants de l’AEF (Afrique équatoriale française)--boulevard Pasteur, je crois, ou dans les environs--je découvre un volume auquel personne n’avait touché l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de Léopold Sédar Senghor. Je l’ai empruntée et les circonstances ne m’ont pas permis de la restituer. Ainsi donc, nous aussi, nous pouvions écrire. Ainsi donc, nous pouvions nous aussi nous décrire, nous exprimer, nous dire, nous chanter. Nous-mêmes nous présenter, dans toutes les dimensions de notre être : dire nos chairs, notre sang et nos âmes, nos odeurs, nos saisons, notre univers, notre couleur, nos soleils, nos misères et nos beautés. La peau noire, les cheveux crépus, la forme de nos visages n’étaient plus horreur ni damnation. N’étaient plus honte. Nègre cessait d’être une insulte. Nègre devenait médaille et drapeau. Et parmi les voix qui nous l’affirmaient et nous enseignaient un nouveau credo, celle de Césaire "belle comme un oxygène naissant" m’enchantait. |
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ISSN: | 0032-7638 |