Enfants agités ? TDA/H ? Écoutons les enfants et leurs familles

L’article « Enfants agités, familles bouleversées. Enjeux et usages familiaux du diagnostic du TDA/H » de Béliard et ses collègues offre l’opportunité de donner un point de vue sur les évolutions actuelles des pensées et des pratiques dans le champ de la santé mentale. La question du TDA/H est en effet emblématique de ces vives controverses aux plans conceptuel, diagnostique et thérapeutique qui traversent la psychiatrie et qui ont permis d’avancer vers une approche peut-être plus pragmatique, moins dogmatique et, en tout cas, plus à l’écoute des besoins et des attentes des personnes concernées et de leur entourage. De ce point de vue, cet article s’inscrit dans cette dynamique en donnant la parole à des familles adhérentes de l’association HyperSupers TDA/H France.Mon propos sera de fournir l’éclairage d’un psychiatre spécialisé dans les addictions et recevant à ce titre beaucoup de jeunes ayant auparavant présenté un TDA/H pas toujours repéré ni traité. Etant par ailleurs membre de la Commission nationale des stupéfiants et psychotropes à l’ANSM, il m’a été donné de suivre les dossiers de suivi des médicaments à base de méthylphénidate. C’est à ce double titre, d’expérience clinique et de pharmacovigilance/addictovigilance que j’ai participé au groupe de travail à la Haute Autorité de Santé (HAS) qui a produit les « Recommandations de bonne pratique » 2014 concernant le TDA/H en médecine générale (HAS, 2014).En fonction de cette expérience, mon commentaire visera donc à donner l’éclairage d’un clinicien sur certaines des questions ouvertes par l’article : la définition « incertaine ou contestée » du trouble, l’existence même de ce trouble entre construction sociale d’une entité et médicalisation, les controverses d’acteurs de la santé mentale, les données d’efficacité des approches globales actuelles, les usages sociaux de ces troubles et le rôle essentiel des familles…