Le "Journal" de Roger Martin du Gard

On aurait tort de penser pouvoir expliquer par le narcissisme le Journal, ses notes annexes et les "correspondances intimes" liées par Roger Martin du Gard au sort de son Journal proprement dit, qui embrasse quelque trente années de sa vie seulement, de 1919 à 1949. C'est d'abord...

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Veröffentlicht in:Revue d'histoire littéraire de la France 1982-09, Vol.82 (5/6), p.838-847
1. Verfasser: Sicard, Claude
Format: Artikel
Sprache:fre
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Beschreibung
Zusammenfassung:On aurait tort de penser pouvoir expliquer par le narcissisme le Journal, ses notes annexes et les "correspondances intimes" liées par Roger Martin du Gard au sort de son Journal proprement dit, qui embrasse quelque trente années de sa vie seulement, de 1919 à 1949. C'est d'abord pour "fixer ce qui passe" et se prémunir contre la disparition sans retour que Roger Martin du Gard tient ses carnets. Bientôt il est vrai il disposera ainsi d'archives privées immédiatement utilisables pour l'oeuvre en chantier. Le Journal, en marge de cette oeuvre, en enregistre le progrés et les avatars. Jusqu'en 1938, Roger Martin du Gard fait tout pour enrayer la contamination du roman par l'autobiographie, le Journal fonctionnant un peu comme le bac de décantation du tout-venant de la vie. Ainsi découvrira-t-on ici un homme au naturel, avec ses emportements passionnés, ses désenchantements douloureux, la force de ses convictions rationalistes et pacifistes, la netteté de ses options esthétiques. Instrument de formation de soi, le Journal se voudrait aussi instrument de découverte des autres ; son écriture échafaude peu à peu un système d'explication qui souvent ne correspond à aucune réalité psychologique. Il y a quelque chose d'émouvant et d'exemplaire dans cette aventure de l'écriture, dont Roger Martin du Gard découvrait pour son plaisir les pouvoirs dès l'âge de sept ans, avant d'en percevoir, impuissant, les limites. Même à l'égard de soi, Roger Martin du Gard n'a pas tout dit, n'a pas pu tout dire : la transparence de l'art, à laquelle il rêvait, préserve le secret de sa nature profonde, et laisse le champ libre à tous les questionnements - preuve certaine que Roger Martin du Gard comme il l'espérait, n'aura pas manqué sa survie.
ISSN:0035-2411
2105-2689
DOI:10.3917/rhlf.g1982.82n5.0838