Un siècle de débits annuels du fleuve Sénégal

Les débits du fleuve Sénégal qui, à la station de jaugeage de Bakel située à la frontière du Sénégal et du Mali, draine un bassin versant de 218 000 km 2 et intègre les conditions climatiques d'une vaste région de l'Afrique de l'Ouest, sont mesurés depuis le début du XXe siècle. On dispose donc maintenant d'une série de cent ans de valeurs, pour une part reconstituées puisque, depuis 1987, les débits du fleuve sont influencés par l'exploitation du barrage de Manantali. Nous avons repris sur cette série allant de 1904 à 2003 une analyse utilisant la procédure de segmentation déjà appliquée à des séries plus courtes. Elaborée à partir de l'étude de la "cassure" pluviométrique observée en Afrique de l'Ouest à la fin des années soixante, la procédure de segmentation est en quelque sorte un test de stationnarité permettant de déterminer si une série chronologique est ou non homogène (stationnaire) et, si elle ne l'est pas, de la découper en autant de sous-séries homogènes que possible. Nous avons appliqué cette procédure à la série des débits annuels du fleuve Sénégal de façon originale, en étudiant d'une part toutes les sous-séries possibles commençant en 1904 et d'autre part toutes les sous-séries possibles se terminant en 2003. Cette analyse, qui étudie les voisinages des deux extrémités de la série, met en évidence, outre les cassures déjà identifiées dans les précédentes études, une nouvelle cassure située entre 1993 et 1994 qui apparaît, au moins pour le fleuve Sénégal, comme la fin de la période sèche ayant débuté à la fin des années soixante.