La question des origines dans les statistiques en France. Les enjeux d'une controverse

L'utilisation de statistiques, produites et légitimées par l'État, constitue un enjeu important dans le débat sur la mesure de l'immigration. La question, soulevée récemment par certains démographes, d'une éventuelle introduction de catégories "ethniques" en France prend ainsi une dimension particulière. L'histoire des formulations de la question de la nationalité dans les recensements permet une première observation: les statisticiens ne se sont jamais beaucoup écartés des définitions juridiques de la nationalité et de ses modes d'acquisition; la création récente de la catégorie d'immigré n'a d'ailleurs pas occasionné de nouvelle question. L'exemple de certains pays anglo-saxons, où les catégories "ethniques" sont davantage routinisées, livre un autre éclairage: lorsque ces statistiques existent, elles correspondent à des dispositifs institutionnels ou à des politiques publiques et n'ont pas toujours le caractère objectif qu'on leur prête. La question des origines renvoie en définitive à une multiplicité d'enjeux pratiques et théoriques. /// The use of statistics which are produced and legitimated by the State is very important in the debate on the measure of immigration. The question of the possible introduction of ethnic categories takes thus in France a particular dimension. The history of the formulations of the nationality question in the census allows a first statement: the statisticians never wandered a lot from the juridical definitions of the nationality and of the modes of acquisition; the recent creation of the "immigrant" category didn't moreover bring about a new question. The example of some Anglosaxon countries where the ethnic categories are frequently used gives another insight: when those statistics exist, they correspond to institutional systems or policies and haven't always an objective dimension. The question of the origins finally reflects a multiplicity of practical and theoretical stakes.