L’offensive du rire des femmes dans les maisons closes de Bolivie
En Bolivie, les femmes rient beaucoup dans les maisons closes. Elles sont les maîtresses d’un humour particulier, fondamentalement obscène, qu’elles exercent à tout bout de champ sans jamais sembler s’en lasser. Sa récurrence, sa codification et sa pratique collective l’érigent en véritable art corp...
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Veröffentlicht in: | Recherches féministes 2012-09, Vol.25 (2), p.119-137 |
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Format: | Artikel |
Sprache: | fre |
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Online-Zugang: | Volltext |
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Zusammenfassung: | En Bolivie, les femmes rient beaucoup dans les maisons closes. Elles sont les maîtresses d’un humour particulier, fondamentalement obscène, qu’elles exercent à tout bout de champ sans jamais sembler s’en lasser. Sa récurrence, sa codification et sa pratique collective l’érigent en véritable art corporatif dont l’apprentissage accompagne celui de la prostitution. Déployé entre femmes, le rire construit l’entre-soi et reformule, en la dédramatisant, la transgression et le personnage de la prostituée. Cruel quand il s’adresse aux clients, le rire ébranle le pouvoir de l’argent et les aspirations triomphalistes de la sexualité des hommes. Basé sur une ethnographie menée dans les établissements populaires de la ville andine de Potosi, cet article porte sur le fonctionnement de cet humour particulier dans la construction de l’expérience de la prostitution et de ses rapports sociaux. Il réinterroge le rôle du rire comme mode de résistance à ‒ mais aussi de conservation de ‒ la domination. Il renvoie également l’ethnologue à son impossible neutralité : en choisissant d’en rire ou non, celui-ci ou celle-ci énonce forcément son camp. |
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ISSN: | 0838-4479 1705-9240 |
DOI: | 10.7202/1013526ar |