L’inquiétante étrangeté du handicap mental
Cet article se propose de soulever les impasses épistémologiques produites par le développement contemporain du concept de handicap – concept formé dans un rapport étroit avec le contexte sociétal et avec les questions de droits de la personne, plus qu’avec la problématique nosographique et clinique...
Gespeichert in:
Veröffentlicht in: | Evolution psychiatrique 2024-09, Vol.89 (3), p.538-549 |
---|---|
Hauptverfasser: | , |
Format: | Artikel |
Sprache: | fre |
Schlagworte: | |
Online-Zugang: | Volltext |
Tags: |
Tag hinzufügen
Keine Tags, Fügen Sie den ersten Tag hinzu!
|
Zusammenfassung: | Cet article se propose de soulever les impasses épistémologiques produites par le développement contemporain du concept de handicap – concept formé dans un rapport étroit avec le contexte sociétal et avec les questions de droits de la personne, plus qu’avec la problématique nosographique et clinique. Dans ce cadre nous investiguons plus particulièrement la notion de handicap mental, entité clinique dont l’histoire classificatoire, au cœur de l’édification de la psychiatrie dès le XIXe siècle, fut particulièrement malaisée. Il s’agit à partir de l’étude de cette trajectoire de contribuer à soutenir l’intérêt de son approche théorico-clinique psychanalytique.
Nous réalisons une analyse de l’évolution des conceptions psychiatrique et psychanalytique sur le handicap mental. Nous les discutons en dégageant des pistes de réflexion pour le travail clinique et thérapeutique orienté par la psychanalyse, que nous menons avec de jeunes patients handicapés et leurs parents.
Le handicap mental est replacé dans la dynamique historique des tentatives de classification dont il a fait l’objet : idiotisme, idiotie, débilité mentale, handicap mental ou intellectuel… Son étiologie organique avérée ou fortement supposée a originellement maintenu, et continue de maintenir à la marge certains modes de penser cliniques et de traitements psychiques dont l’approche psychanalytique fait partie.
Nous discutons et différencions les concepts de « mental » et « psychique » et l’ambiguïté de leurs acceptions. Le « mental handicapé », quand il est réduit à son étiologie neuronale, est envisagé dans une perspective déficitaire, qui relègue au second plan voire rend superflue l’investigation de la vie psychique. Nous rappelons, notamment à la suite de D. Widlöcher, combien la pensée Kraepelinienne faisant dépendre l’indication thérapeutique de l’étiologie supposée est de nos jours dépassée. Ainsi mettons-nous l’accent sur les différences individuelles dans la relation qui se construit entre le jeune handicapé et ses proches et dans l’interaction entre leurs psychés. Les effets de la naissance d’un enfant handicapé sur la construction du sentiment de parentalité, le lien de filiation et le narcissisme parental sont ainsi compris au sein de la dynamique des interactions, réelles et fantasmatiques, qui nécessairement diffèrent en fonction des sujets, parents et enfants. Plus particulièrement, nous envisageons la « situation anthropologique fondamentale » de J. Laplanche comme modèle heuristiqu |
---|---|
ISSN: | 0014-3855 1769-6674 0014-3855 |
DOI: | 10.1016/j.evopsy.2024.03.002 |