L’opération petit-historiographique: Lectures de Gosselin Lenotre

En France, la petite histoire évoque immédiatement quoique assez vaguement le nom et les succès de Gosselin Lenotre (1855-1935). C’est en 2013 que Franck Ferrand l’élit « pape de la petite histoire » sur Europe et qu’une pléiade d’« historiens publics » le ressuscite « grand historien », sur un mode plus affectif qu’analytique. Thérèse Lenotre, sa fille, avait déjà soutenu en 1940 qu’« il avait [au Temps] créé une nouvelle chronique : La petite Histoire, avec un tel éclat que le titre avait fini par baptiser un genre ». Mais on en sait beaucoup moins, dans le détail, sur ce qu’il faut y entendre et sur ce que furent ses secrets de fabrication. De son œuvre abondante, on a choisi de tirer deux types de produit. D’une part, deux volumes de ses formes brèves publiées dans la presse puis en livre, constamment réédités et disponibles aujourd’hui. D’autre part, une monographie de plus longue haleine, datée de 1929, qu’il a consacrée à un fait divers célèbre de la fin du xviiie siècle, l’affaire Solar.