Le langage diagrammatique au-delà de la différence phénoménologique

En 1992, dans Le contrôle dans les systèmes à base de connaissances, Bruno Bachimont fonde tout son programme de recherche dans le cadre d’une pratique de l’intelligence artificielle qu’il nomme « artéfacture », sur un principe qu’il nomme « différence phénoménologique ». Ce principe renvoie selon lui à deux types de connaissances, irréductibles les unes aux autres, bien qu’on puisse les articuler dans le cadre d’une ingénierie : d’une part les connaissances scientifiques, exprimées dans des langages formels, où « dire, c’est calculer » (et mesurer pouvons-nous ajouter) ; d’autre part les connaissances phénoménologiques, exprimées dans les langues naturelles, où « dire, c’est signifier ». Cette contribution interroge ce principe, pour savoir sous quelles conditions il peut être dépassé, non pour récuser le programme de recherche qui en a découlé, mais pour le poursuivre, à travers un nouveau programme de recherche que nous nommons, à la suite de W. J. T Mitchell et Frederik Stjernfelt, la « diagrammatologie ».