Archéologie féministe : histoire, politique et actions (Norvège, États-Unis, France)

Les femmes scientifiques tendent à disparaître des pages de l’histoire : leurs contributions sont souvent marginalisées, oubliées ou invisibilisées. Réhabiliter ces femmes ainsi que les personnes issues des différentes minorités et valoriser leurs recherches sont, depuis la fin des années 1980 et le début des années 1990, les objectifs poursuivis par plusieurs archéologues basées en Norvège et aux États-Unis. De la fin des années 1970 à la fin des années 1990, les études s’attachent à documenter la répartition genrée des tâches, les inégalités salariales, les différences en matière de promotion, d’obtention d’un grade ou d’une bourse, et les écarts en matière de publications. Depuis l’an 2000, les recherches portent sur de nouvelles thématiques telles que les violences sexistes et sexuelles, l’impact des menstruations, grossesses et maternités sur le travail de terrain, ainsi que les discriminations que doivent affronter les personnes racisées, homosexuelles, bisexuelles, transgenres ou en situation de handicap. Les archéologues français et françaises demeurent à la traîne sur ces sujets jusqu’aux années 2010. Depuis 2017, le collectif Paye ta Truelle porte la critique féministe dans et sur la discipline dans la recherche francophone. Cet article montre que la pensée féministe, en questionnant la société, a aussi contribué à questionner la recherche archéologique et son histoire, que ce soit en Norvège, aux États-Unis ou en France.