La sexualité addictive, évitement et répétitions traumatiques

Après avoir défini le concept d’addiction sexuelle, nous proposons de l’illustrer à partir de notre pratique de psychologue clinicien. Notre méthodologie clinique prend appui sur la psychothérapie d’inspiration psychanalytique de Georges, patient présentant une sexualité compulsive et une forme de « libertinage extrême » mais « frustre » (Eiguer, 2013). L’étude de ce cas nous conduit à l’hypothèse psychodynamique d’une addiction sexuelle qui condense deux effets du trauma tels que Freud les a décrits dans sa dernière conception datant de 1939. D’une part, nous relevons des effets négatifs d’évitement du retour de l’état traumatique par la décharge, la neutralisation et la sidération psychique sur le modèle du procédé auto-calmant (Szwec, 1998). D’autre part, nous constatons des effets positifs de réactualisation des traumas par la répétition de vécus d’abandons, de ruptures et de pertes. Dans cette traumatophilie, le sujet cherche à se réapproprier les expériences traumatiques par les répétitions atténuées de celles-ci et le retournement d’une position passive à une position active. Le concept d’addiction sexuelle est aujourd’hui surreprésenté dans le langage courant et toujours controversé, tel que le révèle notre revue de la littérature sur le sujet. Une approche psychodynamique permet d’approfondir et d’envisager la sexualité addictive autrement que sous l’angle d’une « néo-sexualité » ou d’une « anti-sexualité ». Elle n’est pas uniquement le reflet d’une pathologie contemporaine de l’homme « shooté » à l’immédiateté, à l’urgence et évoluant dans un environnement offrant de plus en plus de stimuli (sites pornographiques, sites de rencontre, etc.). Nous livrons certains éléments thérapeutiques de Georges au fil de sa prise en charge jusqu’à son aboutissement, quatre ans après notre première rencontre. Au-delà des effets mortifères de sa sexualité addictive identifiés par l’épuisement psychique, l’enjeu de la thérapie est également entendre le sens caché de cette répétition en acte cherchant à donner un statut plus convenable aux traumatismes. After defining the concept of addiction to sex, drawing from our practice as clinical psychologists, we propose to illustrate this issue. Our clinical methodology is founded upon the psychoanalytical psychotherapy of Georges, a patient presenting with sexual compulsion and a form of “extreme licentiousness” coupled with “frustration”. The case study of this patient leads us to a psychodynamic hypothesis which conden