Les animaux de rente comme sources pour une histoire de la transhumance en Toscane (14e-18e siècles)

Entre la fin du Moyen Âge et l’époque moderne, les animaux transhumants ont acquis une importance croissante dans le patrimoine zootechnique de la Méditerranée et des Alpes. La plupart des études concernant la transhumance portent sur la société et la culture pastorales, le rôle économique, l’impact environnemental ainsi que la gestion des pâtures liés à ce système d’élevage. Bien que les animaux de rente aient été les sujets de la pratique pastorale de la transhumance, leur place au sein de ces publications est très réduite. Le petit et le gros bétail sont pourtant une clé fondamentale pour comprendre les mécanismes de la transhumance et son évolution sur le long terme ainsi que la démographie pour l’histoire sociale et économique. En outre, le développement d’une perspective d’histoire des animaux peut contribuer aussi à une nouvelle réflexion sur l’élevage transhumant depuis sa récente reconnaissance comme Patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2019. Dans ce but, cet article explore la transhumance toscane en utilisant une double perspective, quantitative et qualitative, pour montrer la pertinence des animaux de rente comme sources pour une histoire socioéconomique de ce type d’élevage mais aussi pour une histoire de la biologie animale en relation avec l’économie et la société humaine. Notre analyse se fonde notamment sur les ovins-caprins: bien que les premiers soient normalement les plus nombreux, ils sont souvent dénombrés ensemble et représentent la majorité des animaux transhumant dans le contexte méditerranéen et toscan, ce qui donne un caractère très représentatif à notre étude. Cet intérêt est dû principalement à l’interaction entre les caractéristiques biologiques des animaux, l’environnement et la demande de laine et de viande sur les marchés urbains.