La responsabilité sociale des « entreprises muséales » à l'épreuve des dispositifs numériques : entre activisme et socioblanchiment

La dérive commerciale du tournant communicationnel observée depuis une décennie au sein de maintes institutions culturelles, qui a conduit certains protagonistes du milieu à vouloir recentrer le fonctionnement des musées sur leur mission sociale, traçait une voie balisée par le rendement et la notor...

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Veröffentlicht in:Digital studies 2024-02, Vol.13 (3), p.1
Hauptverfasser: Turcotte, Sarah, Lafortune, Jean-Marie
Format: Artikel
Sprache:eng ; fre
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Zusammenfassung:La dérive commerciale du tournant communicationnel observée depuis une décennie au sein de maintes institutions culturelles, qui a conduit certains protagonistes du milieu à vouloir recentrer le fonctionnement des musées sur leur mission sociale, traçait une voie balisée par le rendement et la notoriété en contexte de concurrence, reléguant les actions d'inclusion socioculturelle au second plan. La mobilisation de dispositifs numériques qui, par définition, rendent les établissements plus accessibles aux publics en retrait de l'offre semble néanmoins donner l'occasion d'attester d'un engagement social sincère. Or, l'examen des pratiques mises en oeuvre en 2021 par le laboratoire de médiation numérique PRISME au Musée des beaux-arts de Montréal, qui visaient à créer des expériences muséales pour des élèves à besoins particuliers et des personnes aînées isolées, montre que l'initiative demeure largement symbolique malgré la forte publicisation dont elle fait l'objet, dans la mesure où les actions qui en découlent bénéficient d'abord à la communauté professionnelle des musées. On peut ainsi interroger cette approche au regard de la responsabilité sociale de l'entreprise, qui promeut la prise en compte sur une base volontaire des enjeux sociaux, environnementaux et éthiques de ses activités, sans compter que la voie numérique ne fait pas consensus quant aux effets sociaux qu'elle induit et qu'elle accapare parfois une part démesurée des ressources disponibles. Qui plus est, le financement reçu du Gouvernement du Québec pour mettre en branle ces pratiques accentue l'écart de richesse entre les musées blockbusters et les autres sans modifier sensiblement le profil des publics.
ISSN:1918-3666
1918-3666
DOI:10.16995/dscn.9559