Espaces de grève ? Géographie des conflits du travail dans la grande distribution belge contemporaine

Le présent article a permis de mettre en évidence les résultats d’une étude sur la géographie de cinq mouvements de grève dans la grande distribution belge contemporaine, chez Delhaize (2014, 2017), Carrefour (2018), Lidl (2018) et Mestdagh (2018). Dans un premier temps, l’analyse s’est portée sur les dynamiques spatiales des différents conflits. Des tendances communes émergent, telles que des contrastes interrégionaux entre Flandre et Wallonie, des différences intrarégionales autour de zones telles que le sillon Sambre-et-Meuse, ainsi qu’une conflictualité se concentrant de manière générale dans les agglomérations urbaines. Dans un second temps, l’étude a tenté de discuter la question des facteurs explicatifs de la variabilité spatiale des mouvements de grève dans la grande distribution contemporaine. Nous avons d’abord tenté de comprendre si cette géographie des conflits était spécifique au secteur de la grande distribution. Par la suite, nous avons cherché à mettre en lumière le poids historique des structures socio-économiques et politiques sur la propension à faire grève ainsi que celui des structures syndicales et de facteurs subjectifs. This article has highlighted the results of a study of the geography of five strike movements in contemporary Belgian supermarkets, at Delhaize (2014, 2017), Carrefour (2018), Lidl (2018) and Mestdagh (2018). Initially, the analysis focused on the spatial dynamics of the various conflicts. Common trends emerge, such as inter-regional contrasts between Flanders and Wallonia, intra-regional differences around areas such as the former Walloon industrial axis, and a general concentration of conflict in urban agglomerations. Secondly, the study attempted to discuss the question of the factors explaining the spatial variability of strike action in contemporary mass retailing. We began by trying to understand whether this geography of conflict was specific to the supermarket sector. We then sought to shed light on the historical influence of socio-economic and political structures on the propensity to strike, as well as that of union structures and subjective factors.