Étude des variations de paramètres anatomiques et endocriniens chez l'anguille européenne (Anguilla anguilla) femelle, sédentaire et d'avalaison : application à la caractérisation du stade argenté

L'argenture est une transformation complexe qui fait passer les anguilles de la phase de croissance juvénile, sédentaire (stade jaune) à la phase de migration d'avalaison (stade argenté), étape initiale de la migration de reproduction océanique. Cette étude a été réalisée de façon comparative sur des lots d'anguilles femelles sédentaires ou d'avalaison, de taille supérieure à 45 cm, capturées en milieu naturel. Nous avons cherché à définir des critères de l'argenture en associant, pour la première fois, des paramètres endocriniens à des paramètres anatomiques. Les paramètres anatomiques analysés comprennent des caractères externes (poids et longueur du corps, index oculaire, IO) et internes (rapport gonadosomatique, RGS et rapport tractus digestif-somatique, RTDS) et les paramètres endocriniens incluent des hormones impliquées dans la métamorphose (hormones thyroïdiennes, T4 et T3 ) , la croissance (hormone de croissance, GH) et la reproduction (hormone gonadotrope, GtH). Chez les anguilles sédentaires, on observe un développement progressif des ovaires, corrélé à la croissance corporelle. L'augmentation du RGS s'accentue chez les anguilles d'avalaison (x 2,85), une valeur seuil ≥ 1,4 % caractérisant le stade argenté. L'agrandissement de l'oeil est également un phénomène progressif, initié dès le stade jaune et corrélé au RGS. Comme le RGS, l'accroissement de NO s'accentue chez les anguilles d'avalaison (x 2), une valeur seuil ≥ 8 pouvant être proposée comme critère externe d'argenture. La régression du tractus digestif n'est pas initiée au stade jaune, et survient seulement à l'argenture (x 0,26), avec une valeur seuil ≤ 1,5 % caractérisant le stade argenté. Parmi les paramètres endocriniens étudiés, seule la teneur hypophysaire en GtH permet de caractériser l'argenture. La teneur en GtH s'élève progressivement au cours du stade jaune, de façon corrélée avec le RGS, puis s'accroît fortement à l'argenture (x 25), une valeur seuil ≥ 15 ng/hypophyse permettant de caractériser le stade argenté. La teneur hypophysaire en GH augmente au cours du stade jaune de façon corrélée avec la longueur du corps. La teneur en GH baisse à l'argenture (x 0,5), mais le recoupement des valeurs individuelles ne permet pas d'utiliser ce critère. Le taux circulant d'hormone thyroïdienne T4 augmente à l'argenture (x 1,38) mais avec un large recoupement des valeurs individuelles. Le taux de T3 ne varie pas à l'argenture. En conclusion, l'argenture inclut des transformations multipl