Traître, lâche ou victime ? Le gouverneur d’Exilles face à ses juges (1708-1710)
En août 1708, pendant la guerre de Succession d’Espagne, le commandant d’Exilles, Laboulaye, rend aux Savoyards la place dont il avait la garde après quelques jours de siège, la garnison prisonnière de guerre. Cette reddition rapide, suspecte, est interprétée par le maréchal de Villars comme une mar...
Gespeichert in:
Veröffentlicht in: | L'atelier du Centre de recherches historiques 2024-07, Vol.29 |
---|---|
1. Verfasser: | |
Format: | Artikel |
Sprache: | eng ; fre |
Schlagworte: | |
Online-Zugang: | Volltext |
Tags: |
Tag hinzufügen
Keine Tags, Fügen Sie den ersten Tag hinzu!
|
Zusammenfassung: | En août 1708, pendant la guerre de Succession d’Espagne, le commandant d’Exilles, Laboulaye, rend aux Savoyards la place dont il avait la garde après quelques jours de siège, la garnison prisonnière de guerre. Cette reddition rapide, suspecte, est interprétée par le maréchal de Villars comme une marque de lâcheté ou pire, une trahison. Face au scandale, Laboulaye, soucieux de défendre son honneur, réclame d’être échangé et se rend à la Bastille. S’ouvre alors une longue procédure qui débouche, 18 mois plus tard, sur la condamnation du gouverneur à la prison à vie pour lâcheté, l’accusation de trahison n’étant finalement pas retenue. Cette affaire permet d’étudier le processus de construction sociale du lâche ou du traître, la justice extraordinaire mise en branle par le pouvoir royal pour criminaliser cette reddition hâtive et la réception publique de la sentence au sein de l’armée. Dans la sphère militaire, certaines voix dissonantes dénoncent un jugement inique, attestant la naissance autour de cette affaire d’un public, voire d’un espace public autonome et critique qui s’émancipe en partie des autorités
In August 1708, during the War of the Spanish Succession, Laboulaye, the commander of Exilles, surrendered the stonghold he was guarding to the Savoyards after a few days of siege, with the garrison prisoners of war. This quick and suspicious surrender was interpreted by Marshal de Villars as a sign of cowardice, or worse, treason. Faced with the scandal, Laboulaye, eager to defend his honor, requested to be exchanged and went to the Bastille. A lengthy procedure then began, which, 18 months later, resulted in the governor being sentenced to life imprisonment for cowardice, although the charge of treason was ultimately dismissed. This case provides an opportunity to study the social construction process of the coward or traitor, the extraordinary justice set in motion by the royal power to criminalize this hasty surrender, and the public reception of the sentence within the army. In the military sphere, some dissenting voices denounced an unfair judgement, indicating the emergence around this case of a public, or even an autonomous critical public space, that partially emancipated itself from the authorities |
---|---|
ISSN: | 1760-7914 1760-7914 |
DOI: | 10.4000/11xj8 |