Sédimentation et tectonique dans le bassin marin Eocène supérieur-Oligocène des Alpes du Sud Sedimentation and Tectonics in the Upper Eocene-Oligocene Marine Basin in the Southern Alps

Des études de terrain détaillées ont été reprises récemment par l'Institut Français du Pétrole (IFP) et l'Ecole Nationale Supérieure du Pétrole et des Moteurs (ENSPM) dans la partie occidentale du bassin nummulitique des Alpes du Sud afin d'aider les interprétations de données sismiques. Ces études soulignent l'importance de la tectonique en distension qui a affecté le bassin durant la sédimentation; elles remettent en question l'interprétation géodynamique de ce bassin considéré classiquement comme une avant-fosse de la chaîne alpine en cours de formation. Sur un substratum mésozoïque structuré par la phase pyrénéo-provençale, la transgression nummulitique envahit dès le Lutétien les parties les plus basses du bassin situé à l'Est dans une zone qui sera oblitérée au Mio-Pliocène par l'accident pennique. Elle s'étend progressivement vers l'Ouest durant l'Eocène supérieur. Dans le même temps une phase de distension E-O bien visible le long des failles du Var et en bordure du Pelvoux se traduit par le compartimentage des bordures du bassin et par des jeux en blocs basculés durant la sédimentation. Dans les calcaires qui débutent la série marine, ces jeux sont responsables du passage rapide de faciès de plate-forme à des faciès resédimentés sur les pentes, puis à une sédimentation gravitaire de plus en plus réduite en s'éloignant des bordures. Les marnes sus-jacentes correspondent à des dépôts de talus qui soulignent la topographie héritée. Le passage à la sédimentation turbiditique des grès d'Annot s. l. , est corrélé avec le début d'une activité de rift sur le bloc corso-sarde et le changement climatique qui intervient à cette époque. Le dépôt de ces grès dont l'épaisseur maximale observée est de 1 200 m correspond à une phase de remplissage, avec des onlaps bien marqués soulignant les paléopentes. La distension E-O se poursuit durant la sédimentation des grès mais elle s'exprime nettement moins que précédemment. Le toit des grès est marqué par une surface de discontinuité fortement érosive correspondant à des canyons sous-marins de direction NE-SO. Cette surface peut être mise en relation avec l'écoulement des olistostromes qui termine le remplissage du bassin. La mise en place de ces olistostromes et des olistolithes qui les accompagnent n'est pas paléontologiquement datée : elle débute avec la fin de la sédimentation gréseuse. L'ensemble est encore affecté par une distension E-O ce qui tend à montrer que cette mise en place est antérieure à la phase de s