Le journalisme et les sciences sociales. Trouble ou problème ?
La sociologie et le journalisme, comme disciplines de factualisation du monde social (c’est-à-dire de transformation d’un réel continu en une série discontinue de faits susceptibles d’analyse causale et d’interprétation), présentent de nombreux points de convergence. Elles partagent certaines méthod...
Gespeichert in:
Veröffentlicht in: | Sur le journalisme 2017-01, Vol.5 (2), p.44-63 |
---|---|
1. Verfasser: | |
Format: | Artikel |
Sprache: | eng |
Schlagworte: | |
Online-Zugang: | Volltext |
Tags: |
Tag hinzufügen
Keine Tags, Fügen Sie den ersten Tag hinzu!
|
Zusammenfassung: | La sociologie et le journalisme, comme disciplines de factualisation du monde social (c’est-à-dire de transformation d’un réel continu en une série discontinue de faits susceptibles d’analyse causale et d’interprétation), présentent de nombreux points de convergence. Elles partagent certaines méthodes comme celle de l’entretien et ont connu des périodes d’échanges intenses dans certains pays comme les États-Unis. Il serait absurde de dire que sociologues et journalistes se ressemblent toujours. En revanche il n’est pas absurde de noter qu’un sociologue et un journaliste peuvent plus se ressembler dans leur façon de construire, de collecter et d’analyser des faits que deux sociologues entre eux ou deux journalistes entre eux. Malgré cela les sociologues partagent souvent de tenaces préjugés quant aux journalistes. Dans cet article on examine ces préjugés en relation aux deux principales formes prises par la « panique morale » diffuse qui s’est emparée des sociétés modernes à l’âge des médias de masse : la peur de l’imitation à la fin du XIXe siècle et la peur de la massification au milieu du XXe siècle. Le rejet par Émile Durkheim de l’idée que les journaux puissent avoir un rôle dans les phénomènes de suicide autour de 1895 et le rejet par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron de l’analyse des communications de masse au début des années 1960 servent de cas d’étude. En adoptant une telle stratégie de rupture, que nous assimilons à une forme de « boundary work », les sociologues prennent le risque d’alimenter la panique morale dont sont victimes les journalistes au lieu de la réduire, de rester au niveau du « trouble » personnel provoqué par les médias sans aller vers la construction d’un « problème » social à propos des médias. As factualization disciplines of the social world (in that they transform a continuous reality into a discontinuous series of facts open to causal analysis and interpretation), sociology and journalism have many points in common. They share methods (such as the interview) and have experienced periods of intense exchange in countries like the United States. It would be absurd to claim that sociologists and journalists always mirror each other. On the other hand, it is not absurd to state that a sociologist and a journalist may resemble each other more in the way they build, collect and analyze facts than two sociologists or two journalists respectively. In spite of this, sociologists often hold stubborn prejudices against journalist |
---|---|
ISSN: | 2295-0710 2295-0729 |