Faire lien dans la non-appartenance à soi : Montaigne
Si l’on conçoit le lien à la fois comme préexistant et nécessairement emprunté, il n’y a aucune nécessité à le valoriser socialement et politiquement selon le modèle de la fusion communautaire, où les individus ne feraient qu’un. Nous voudrions montrer à partir de cette considération, d’une part que...
Gespeichert in:
Veröffentlicht in: | Astérion (Lyon) 2020-07, Vol.22 |
---|---|
1. Verfasser: | |
Format: | Artikel |
Sprache: | eng ; fre |
Schlagworte: | |
Online-Zugang: | Volltext |
Tags: |
Tag hinzufügen
Keine Tags, Fügen Sie den ersten Tag hinzu!
|
Zusammenfassung: | Si l’on conçoit le lien à la fois comme préexistant et nécessairement emprunté, il n’y a aucune nécessité à le valoriser socialement et politiquement selon le modèle de la fusion communautaire, où les individus ne feraient qu’un. Nous voudrions montrer à partir de cette considération, d’une part que Montaigne promeut une communauté de la différence, dans un bon usage de la conflictualité inhérente à l’ambivalence des désirs, d’autre part qu’il ne valorise pas pour autant l’organisation de la servitude dans le règne de la concupiscence par la réduction des liens sociopolitiques à la sphère trompeuse des apparences, où la civilité, au fond, ne serait que haine. À la différence de Pascal, le lien est en effet pour Montaigne ce par quoi nous accédons à l’identité et l’estime de soi, dans les structures mêmes de l’aliénation : « notre condition singeresse et imitatrice » est la condition de notre humanisation dans et par la vie sociale qui repose sur le regard de l’autre et le partage de la parole. Il faudra dans ces conditions présenter les modalités de cette parole qui fait lien, parce qu’elle fait « foi », en la distinguant de notre relation à la sainte parole, comme d’un dire hypocrite qui ne tient les hommes que par « la langue ».
If we consider social cohesion as pre-existent and necessarily feigned, then there is no need to valorize it socially and politically on the pattern of community fusion, where individuals would be brought to unity. From this assumption, this paper claims on the one hand that Montaigne advocates a community of differences, with sensible use of conflictuality which naturally arises from ambivalent desires, on the other hand that he does not praise servitude as the best social and political organization of the concupiscence. Unlike Pascal, Montaigne does not reduce social cohesion to the sphere of deceptive appearances, where civility hides hatred. Quite the reverse actually as Montaigne considers that through social ties, despite their alienated character, we can promote personal identity and self esteem. Social bonds, grounded on imitation and speech acts, are even the condition of humanization. The paper points to the importance of word in Montaigne’s view concerning social links, which should not be confused with the Holy Word or with two-faced speech. |
---|---|
ISSN: | 1762-6110 1762-6110 |
DOI: | 10.4000/asterion.4811 |