Des « hommes de plumes » parmi les « hommes d’épée » : sociabilités journalistiques et reportages de guerre en France entre 1866 et 1877

Si les premières correspondances de guerre apparaissent dans la presse française sous le Second Empire, celles-ci résultent pour une grande part d’initiatives atypiques. Aucune expertise, aucun savoir-faire spécifiques à la pratique et à l’écriture du reportage de guerre ne sont encore acquis. Alors...

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Veröffentlicht in:Sur le journalisme 2016-09, Vol.5 (1), p.100-111
1. Verfasser: Juneau, Véronique
Format: Artikel
Sprache:eng ; fre
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Zusammenfassung:Si les premières correspondances de guerre apparaissent dans la presse française sous le Second Empire, celles-ci résultent pour une grande part d’initiatives atypiques. Aucune expertise, aucun savoir-faire spécifiques à la pratique et à l’écriture du reportage de guerre ne sont encore acquis. Alors qu’en Angleterre, le métier émerge avec la guerre de Crimée et qu’aux États-Unis, il s’impose avec la Guerre de Sécession. En France, la pratique tarde davantage à se revendiquer comme telle. Il faut attendre les années 1880 pour que la démarche de « l’envoyé spécial », parti à la rencontre de l’actualité de guerre, engendre une activité d’écriture distincte des autres catégories du journal. Or, ces premiers essais, même encadrés et surveillés par le régime, constituent bel et bien le germe d’une nouvelle pratique journalistique. Et s’il est vrai qu’en France, le reportage de guerre résistera jusqu’au tournant du vingtième siècle à se constituer en profession autonome, lorsqu’on y regarde de près, on constate néanmoins que certains enjeux liés à l’exercice d’observation directe sur le terrain accompagnent l’émergence de liens d’entraide relevant d’une condition partagée, et mettent en lumière les traits spécifiques d’une fonction commune. Ce contexte d’action génère des connivences et engendre des solidarités qui laissent leurs marques au sein même des reportages. Cet article propose donc d’examiner ces sociabilités discursives, comprises en tant qu’expression progressive d’une expérience de groupe, et plus spécifiquement en tant que mode de construction d’un « ethos collectif », vu comme un préalable dans une trajectoire vers un statut social. Au sein de ces reportages de guerre publiés entre 1866 et 1877 apparaissent des modalités de régulation des rapports d’entraide, qui, en tant que forces de cohésion sont à mettre en lien avec l’apparition d’une mobilisation associative, de même qu’avec un lent processus de reconnaissances sociale et professionnelle. Though the first war correspondences did appear in the French press during the Second Empire, they were largely marginal endeavours. There still did not exist an expertise or specific set of skills to practice war reporting, in contrast with England, where the profession emerged during the Crimean War, and in the United States during the Civil War. The profession was slow to assert itself in France. It was not until the 1880s that the notion of the «special correspondent» sent to gather war news became a dist
ISSN:2295-0710
2295-0729