Une fissure dans le présent » : la ruine comme échappée chez Sylvain Tesson et Jean-Paul Kauffmann

Sylvain Tesson et Jean-Paul Kauffmann accordent une place centrale aux ruines qu’ils croisent, le premier le long des chemins ruraux qu’il suit dans une traversée de la France à pied (Sur les chemins noirs, 2016), le second sur les routes de l’oblast de Kaliningrad, qu’il visite à l’occasion du bice...

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Veröffentlicht in:Études françaises (Montreal) 2020, Vol.56 (1), p.65-76
1. Verfasser: Daunais, Isabelle
Format: Artikel
Sprache:fre
Online-Zugang:Volltext
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Beschreibung
Zusammenfassung:Sylvain Tesson et Jean-Paul Kauffmann accordent une place centrale aux ruines qu’ils croisent, le premier le long des chemins ruraux qu’il suit dans une traversée de la France à pied (Sur les chemins noirs, 2016), le second sur les routes de l’oblast de Kaliningrad, qu’il visite à l’occasion du bicentenaire de la bataille d’Eylau (Outre-Terre, 2016). Le choix par les deux voyageurs de ces destinations marginales et hors du temps n’est pas un hasard : ce sont les ruines, les restes, les débris et les traces qui s’y trouvent qui non seulement les leur font choisir, mais qui, aussi, les aiguillonnent tout au long de leur parcours. En cela, leurs périples respectifs suggèrent un usage contemporain des ruines, qui n’est pas de partir à la recherche de mondes disparus ni d’éprouver leur propre finitude au contact de celle de la matière. Au contraire, Tesson et Kauffmann entreprennent chacun leur voyage dans un but de consolidation : du corps pour Tesson, accidenté quelques mois auparavant ; du sens qu’on peut donner à la survie pour Kauffmann, durablement marqué par son expérience d’ancien otage au Liban dans les années 1980. Les paysages ruinés à la rencontre desquels vont les deux voyageurs constituent une forme d’échappée ; le temps que mesurent pour eux les ruines ne les renvoie pas à un moment spécifique de l’Histoire, mais leur permet d’élargir les frontières du présent, de toucher au passé dans sa généralité et dans son étendue et, par là, d’ouvrir une brèche dans la vision présentiste qu’a notre époque du monde et de l’existence.
ISSN:0014-2085
1492-1405
DOI:10.7202/1069801ar