Les Gilets jaunes, étude d’un mouvement social au prisme de ses arènes médiatiques

Cette étude a pour objectif d’investiguer les dynamiques de mise en visibilité des Gilets jaunes dans trois différentes arènes – la presse quotidienne nationale, une page Facebook nationale des Gilets jaunes et Twitter – afin d’interroger de manière transversale la structuration des enjeux de politisation et de légitimation d’une parole contestataire portée par des groupes sans porte-parole ou représentant. Nous posons l’hypothèse de l’existence d’un décalage susceptible de porter un contre-récit médiatique dans les arènes numériques, mais aussi des phénomènes de transformation de cadrage, dès lors que le mouvement s’invite à l’agenda médiatique. La confrontation des discours circulant dans ces trois arènes permet de dessiner les contours d’une appréhension sociale discursive non plus cacophonique mais polyphonique des Gilets jaunes, prise dans une dynamique de récits et de contre-récits en interaction. Interaction rendue particulièrement manifeste dès lors que le cadrage journalistique oscille entre une lecture politique et sociale et une lecture épisodique d’un mouvement qui bouscule les champs journalistiques et politiques. Par ailleurs, cette appréhension sociale rend également compte d’un collectif en voie de constitution qui utilise le levier du numérique pour accroître sa visibilité. The objective of this study is to investigate the dynamics of visibility of the Yellow Vests in three different arenas - the National daily press, a Facebook group of the Yellow Vests and Twitter - in order to question, in a transversal way, the structuring of the politicization and legitimization of a protest speech carried by groups without spokespersons or representatives. We hypothesize the existence of a disconnect that could lead to the production of counter-narratives in digital arenas, but also to the transformation of the media framing, as soon as the movement manages to get a place on the media agenda. The sharp differences between discourses circulating in these three arenas allows us to draw the contours of a discursive social apprehension of the Yellow Vest which is no longer cacophonic but polyphonic, taken in a dynamic of interacting narratives and counter narratives. This interaction is particularly obvious when the journalistic framework oscillates between a political and social reading and an episodic reading of a movement that disrupts the journalistic and political fields. Moreover, this social apprehension also reflects a collective in the process o