Réinvestir le saltus dans la pensée agronomique moderne : vers un nouveau front eco-politique ?

Les débats actuels en matière de politiques agri-environnementales — et plus particulièrement de biodiversité — remettent au centre des attentions des objets malmenés au cours des décennies précédentes : prairies naturelles humides, pelouses, haies, landes, parcours, etc., longtemps considérés à la...

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Veröffentlicht in:L'espace politique 2010-01 (9)
Hauptverfasser: Poux, Xavier, Narcy, Jean-Baptiste, Ramain, Blandine
Format: Artikel
Sprache:fre
Online-Zugang:Volltext
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Zusammenfassung:Les débats actuels en matière de politiques agri-environnementales — et plus particulièrement de biodiversité — remettent au centre des attentions des objets malmenés au cours des décennies précédentes : prairies naturelles humides, pelouses, haies, landes, parcours, etc., longtemps considérés à la marge du développement. Les dispositifs politiques dédiés au maintien ou à la réhabilitation de surfaces en végétation semi-naturelle et corridors écologiques montent en puissance, pour répondre à un nouvel impératif : préserver une « trame verte ».D’un point de vue de l’histoire et de la géographie agraire, on peut analyser ce mouvement comme un retour du saltus dans la pensée et les politiques agricoles : les objets agri-environnementaux évoqués ci-dessus en sont, en effet, les composantes canoniques. Mais cette revanche n’est qu’apparente. Alors que le saltus s’appréhende en interaction avec l’ager et la silva dans une vision large du fonctionnement des sociétés rurales, les objets agri-environnementaux modernes sont comme extraits de la matrice territoriale de laquelle ils procèdent. Derniers éléments supports d’une biodiversité agro-écologique, ils deviennent des objets de politiques publiques qui tendent à les préserver, à les classer et les zoner, en dehors de toute problématique économique et territoriale. Des objets « sans homme » à plusieurs égards.Corrélativement — et ce n’est pas une coïncidence — les agronomes de l’ager proposent une agriculture écologiquement intensive qui marginalise le saltus, quand ce n’est pas de sa négation dont il est question. Mais cette agronomie, paradoxalement, ne considère pas les espèces sauvages qui pourtant constituent la biodiversité.De fait, le front du débat oppose : d’un côté, un saltus effectivement support de biodiversité, mais muséifié car pensé en dehors de ses fonctions sociales et agro-écologiques, et de l’autre, un ager très actif qui prétend prendre en charge une biodiversité qu’il ne considère pas dans sa globalité.Pour réduire cette tension, qui procède d’un mouvement historique long, et répondre aux enjeux actuels de préservation de la biodiversité associée aux espaces agricoles, on propose ici un réinvestissement du saltus, dans une pensée agricole et environnementale actualisée, pour déplacer le front du débat.
ISSN:1958-5500
1958-5500
DOI:10.4000/espacepolitique.1495