La dimension internationale de la recherche en sciences de l’éducation et de la formation : normes académiques, spécificités et paradoxes

Un faible taux de réponses aux programmes européens et une bibliométrie peu anglophone font considérer les sciences de l’éducation et de la formation (SEF) françaises comme peu investies dans les relations internationales. Or, la constitution d’une base de données des chercheurs et des doctorants en SEF sur la période 2014-2018 contredit cette interprétation. Pourquoi une telle distorsion ? L’étude quantitative de la base permet de formuler deux constats : 1) un engagement important des équipes dans des démarches pluridisciplinaires et multiculturelles répondant à l’exigence des institutions internationales et aux enjeux contemporains en la matière ; 2) une absence de soutien et de valorisation des institutions nationales en raison d’une conception de la mesure de l’activité scientifique qui ne correspond pas aux pratiques de la discipline. Positionnements scientifiques et académiques, mais aussi sociopolitiques et professionnels diffèrent dans les deux analyses, ce qui conduit à interroger la relation que la discipline entretient avec la normalisation internationale de l’évaluation. Cet article questionne la hiérarchisation des disciplines, des cultures et des formes de la recherche au profit de la coopération internationale au XXIe siècle dans une perspective de développement humain. A low response rate to European programs and a short English-language bibliometric literature make French education and training sciences (ETS) regarded as little invested in international relationships. However, the creation of a database of researchers and doctoral students during the period of 2014-2018 contradicts this interpretation. Why such distortion? The quantitative study of the base makes it possible to formulate two observations: 1) an important commitment of the teams in multidisciplinary and multicultural approaches answering the requirement of the international institutions and the contemporary stakes in the matter; 2) the absence of support and promotion of national institutions stems from a conception of science activity measurement which does not match the practices of scientific discipline. Scientific and academic, but also socio-political and professional, standpoints differ in the two analyzes; which leads to questioning the relationship that scientific discipline maintains with the international standardization of evaluation. This article questions the hierarchy of disciplines, cultures and forms of research for the benefit of international cooperation