La pêcherie migrante des petits pélagiques côtiers et l’approvisionnement de l’industrie de la farine et de l’huile de poisson en Mauritanie

L’objectif de cet article est l’analyse de l’apport de la pêcherie migrante, sénégalaise et turque, de petits pélagiques côtiers à l’approvisionnement des industries de la farine et de l’huile de poisson en Mauritanie. Les données mobilisées sont celles relatives aux pirogues sénégalaises et aux bateaux côtiers turcs. Ces deux types d’embarcations opèrent dans la zone réservée exclusivement à la pêche côtière. Ce travail s’appuie pour l’essentiel sur les données de l’IMROP. D’autres données ont aussi été utilisées : celles du Ministère des pêches et celles collectées lors des enquêtes de terrain réalisées entre 2019 et 2022 le long du littoral. Les résultats montrent que la pêcherie migrante pélagique a un impact significatif sur le développement de l’industrie de la transformation et la valorisation des produits halieutiques en Mauritanie. Les captures des migrants représentent environ 540 000 tonnes en 2020 ; elles participent aussi à la satisfaction des besoins alimentaires en poisson des Mauritaniens en ravitaillant les marchés locaux et interurbains de poisson à travers la SNDP. Toutefois, la pêcherie migrante de petits pélagiques côtiers a un impact limité sur le développement socio-économique de la Mauritanie. Les recettes en devises générées par l’industrie de la farine et de l’huile de poisson demeurent à l’étranger et ne profitent pas au pays. L’impact de l’industrie sur la promotion de l’emploi reste très faible, voire marginal, avec une présence importante d’une main-d’œuvre étrangère.La situation des pêcheries pélagiques en Mauritanie pose aussi ces dernières années de sérieuses questions de durabilité. Des mesures rigoureuses de cogestion au plan national et régional devraient être prises pour une gestion durable des stocks, dont certains signes précurseurs commencent déjà à annoncer des risques d’épuisement.