Découverte d’une culture africaine et fantasmes d’un missionnaire. Le Dictionnaire français-kirundi du Père Van der Burgt (1903) entre ethnographie, exégèse biblique et orientalisme

Un des premiers regards extérieurs portés sur l’Afrique des Grands Lacs nous vient du Père blanc hollandais Van der Burgt, missionnaire au Burundi. En 1903 il publie un dictionnaire encyclopédique français‑kirundi, dont l’influence sera durable auprès des lettrés de ce pays. Or cet ouvrage est autan...

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Veröffentlicht in:Afriques 2010, Vol.1
1. Verfasser: Chrétien, Jean-Pierre
Format: Artikel
Sprache:eng ; ger
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Online-Zugang:Volltext
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Beschreibung
Zusammenfassung:Un des premiers regards extérieurs portés sur l’Afrique des Grands Lacs nous vient du Père blanc hollandais Van der Burgt, missionnaire au Burundi. En 1903 il publie un dictionnaire encyclopédique français‑kirundi, dont l’influence sera durable auprès des lettrés de ce pays. Or cet ouvrage est autant nourri d’une érudition ethnographique, historique et biblique mal contrôlée que d’enquêtes sur le terrain. Il exprime une obsession raciale, celle de la quête des origines orientales des populations noires et, en particulier, de l’assimilation de la catégorie tutsi à une souche hamito‑sémitique. Il est même tenté par des formes ésotériques de l’orientalisme qui le mènent jusqu’en Inde, en Polynésie ou aux révélations de la mystique allemande Catherine Emmerich. La culture burundaise se retrouve capturée par cet imaginaire venu des bibliothèques européennes et elle est décrite comme le fruit d’une dégénérescence, prolongeant le mythe de la malédiction de Cham. One of the first exogenous looks on the Great Lakes region of Africa came from a missionary in Burundi, the Dutch White Father Van der Burgt. He published in 1903 a French‑Kirundi encyclopaedic dictionary, which left a lasting influence on that countries scholarship. This book was both based on fieldwork and poorly‑controlled ethnographic, historical and biblical scholarship. It expressed a peculiar racial obsession : the quest for the Oriental origins of African populations and particularly the inclusion of the Tutsi category into a Hamito‑Semitic stock. Van der Burgt was even influenced by esoteric forms of orientalism, which drove his thoughts as far as India, Polynesia, or the revelations of the German mystic Catherine Emmerich. The Burundese culture was thus trapped by this imagination born out of the European libraries and it was described as the result of degeneration, based on the myth of the curse of Ham.
ISSN:2108-6796
2108-6796
DOI:10.4000/afriques.363