Déjouer les dominations et les contraintes en ligne : un état des connaissances

Si les débuts du Web 2.0 dans les années 2000 ont porté une utopie politique corrélant participation démocratique, idéal libertaire et horizontalité, ce qui a facilité la diffusion et l’intégration des nouvelles technologies dans la société, c’est ensuite la désillusion et l’inquiétude qui l’ont emporté face aux nouvelles dominations et oppressions s’appuyant sur les fonctionnalités numériques, tant dans la sphère politique qu’économique. Cet article revient, dans un premier temps, sur cette dialectique opposant espoirs démocratiques et dominations numériques. La description des contraintes est un préalable pour analyser, dans un second temps, les multiples arts de faire de ceux qui les remettent en cause. À des échelles souvent petites et situées, ancrées dans la matérialité du réseau, des professionnels du Web, des militants pour les libertés numériques, des pirates informatiques ou de simples usagers fabriquent des savoirs alternatifs ou imaginent des solutions pour contourner ces contraintes. Enfin, dans un troisième temps, cet article propose un décentrement du regard pour prendre en compte les multiples expériences locales qui, hors du monde numérique occidental, nourrissent des contournements spécifiques et singuliers. The beginnings of Web 2.0 in the 2000s fostered a political utopia correlating democratic participation, libertarian ideals and horizontality, which facilitated the dissemination and integration of new technologies into our society. However, disillusionment and concern subsequently prevailed in the face of new forms of political and economic domination and oppression based on digital functionalities. This article first examines the democratic hopes placed on digital participation and then looks at forms of domination that rely on the internet as a tool of control. Following this description of constraints, we analyse the multiple ways in which they may be challenged. Web professionals, digital freedom activists, hackers and ordinary users create alternative knowledge or devise solutions to get round these constraints, typically on small scales with actions that are rooted in the materiality of the network. We conclude by arguing that the digital perspective needs to be decentralized in order to take into account the numerous local experiences that are fueling so many specific and unique ways of bypassing these constraints. Si los inicios de la Web 2.0 en la década de 2000 trajeron consigo una utopía política asociada a la participació