Des personnes tirées au sort peuvent-elles nous représenter politiquement ?

Ancienne élève de la rue d'Ulm et diplômée de Harvard, influencée par les travaux de Jon Elster et David Estlund, professeure de sciences politiques à l'Université de Yale, Hélène Landemore est l'une des figures éminentes de la théorie démocratique contemporaine. Dans son premier livre, Democratic Reason, paru en 2013, elle proposait une défense de la démocratie d'inspiration aristotélicienne, fondée sur le principe d'après lequel le grand nombre peut prendre de meilleures décisions que le petit (si éclairé soit-il). Open Democracy franchit un pas de plus, présentant une réflexion audacieuse sur l'institutionnalisation de l'accès effectif du plus grand nombre au pouvoir décisionnel. L'autogouvernement du peuple pourrait être réalisé de façon différente, et plus désirable, que par l'élection de représentants au suffrage universel. La contribution centrale du livre serait, selon les mots de l'autrice, de permettre de « repenser la représentation démocratique d'une manière qui l'ouvre aux citoyens ordinaires » (p. 11). Des « mini-publics » (des groupes de citoyens sélectionnés par tirage au sort stratifié, selon la méthode des quotas – pensons à la récente Convention citoyenne sur le climat 2019-2020), à condition d'être ouverts (accessibles aux contributions extérieures – par-delà les frontières statutaires de la citoyenneté) prendraient non seulement des décisions plus fidèles aux préférences majoritaires, mais potentiellement plus sages ou ingénieuses, articulant une diversité plus grande d'informations et de perspectives…