L’esthétique du sauvage

L’esthétique de la nature ne peut s’intéresser uniquement au jardin ou au paysage pittoresque, elle se doit aussi de prêter attention à ce qui excède voire déconstruit ses représentations, à savoir ce qui relève de l’adventice et du sauvage. Le sauvage ne renvoie pas ici aux terres inhabitées, aux jungles hostiles ou impénétrables, mais à la frange indécise et proche où une poussée naturelle échappe au contrôle de l’homme, témoin la friche envahie par les herbes folles ou le brin d’herbe qui s’insinue entre les pavés. Longtemps envisagée comme négative et parasite, une telle esthétique est aujourd’hui revalorisée dans sa dimension sensible et dans les échos qu’active le sublime ; par l’insistance qu’elle met sur souci écologique, elle prépare l’avènement d’une pensée-paysage.