Les risques d’accidents des infirmières et des préposées aux services de l’alimentation selon leur âge

L'incidence et la durée des lésions professionnelles sont particulièrement élevées dans le secteur de la santé et des services sociaux, comparées à celles de l'ensemble des secteurs au Québec.Cette étude sur la population féminine de deux emplois particulièrement à risque où les femmes sont très nombreuses, les infirmières et les préposées aux services de l'alimentation, permet de cerner de plus près les facteurs en cause. Le taux d'incidence des lésions pour les femmes dans ces emplois est deux fois plus élevé que pour l'ensemble du secteur de la santé et des services sociaux. Chez les deux groupes de travailleuses, le taux d'incidence des lésions décroît légèrement mais significativement en fonction de l'âge tout en demeurant toujours plus élevé que pour l'ensemble du secteur.Quant à la durée médiane d'absence, elle est légèrement plus élevée chez les infirmières que pour l'ensemble des femmes du secteur, mais aucune relation avec l'âge n'y apparaît. Chez les préposées, la durée médiane d'absence est moins élevée que chez les femmes de l'ensemble du secteur, mais cette durée augmente significativement avec l'âge.Le regroupement en sept classes des circonstances des accidents permet de supposer que les différences d'incidence et de gravité entre les deux groupes d'emplois sont liées à leurs tâches et à leurs conditions de travail parce que leur distribution varie d'un groupe à l'autre et entre les groupes d'âges de chaque emploi.Trois hypothèses sont retenues pour expliquer le niveau élevé de risque d'accidents et les différences de profils de risque chez les infirmières et des préposées aux services de l'alimentation selon l'âge. La première a trait à l'existence de contraintes et de risques élevés, spécifiques à chaque emploi ; ces risques deviendraient plus critiques avec l'avance en âge à cause des transformations physiologiques qui l'accompagnent. La deuxième hypothèse met en cause les mécanismes de mobilité qui permettent (ou contraignent) aux travailleuses de changer de poste ou de quitter le travail. Enfin, la troisième hypothèse prend en compte le développement de stratégies compensatoires de travail, avec l'expérience, qui permettent de continuer à accomplir les tâches en minimisant leurs risques.