Paysage industriel laitier et dynamiques des aires de collecte : recompositions territoriales en Lorraine et Haute-Marne

Les travaux autour de la coexistence des modèles agricoles et alimentaires soulignent des tensions persistantes au sein des systèmes agri-alimentaires entre des systèmes de production qui d’une part se spécialisent dans un souci de rentabilité économique et d’autre part cherchent à se différencier pour s’adapter à une demande alimentaire en renouvellement. Ces tensions s’expriment tout particulièrement à l’échelon des intermédiaires de la collecte et de la transformation laitières et induisent différentes dynamiques des territoires de firmes. L’article propose d’analyser les implications de la coexistence entre logique de spécialisation et logique de diversification sur l’organisation spatiale de la collecte du lait en zone intermédiaire de polyculture-élevage du nord-est de la France. La méthode mobilisée combine des sources documentaires régionales et des entretiens auprès de responsables de collecte des intermédiaires laitiers les plus importants en région Lorraine – Haute-Marne. Les résultats montrent que 70 % des établissements ont fermé sur le périmètre étudié depuis les années 1970 conjointement à une concentration des structures dans de grands groupes nationaux. Ces évolutions s’accompagnent de deux types de recompositions territoriales de la collecte du lait : la généralisation des échanges de collecte depuis la fin des années 1990 pour rationaliser les coûts logistiques et une complexification de ces échanges liée à la diffusion de cahiers des charges sur la production. Enfin, l’évolution des zones intermédiaires de polyculture-élevage vers une diminution du nombre d’exploitations pratiquant l’élevage pourrait fragiliser la pérennité de l’approvisionnement en lait et questionne le devenir des territoires de firmes.