Fin de vie » et renaissance clandestine en Chine du Sud
Depuis une quinzaine d’années environ, les appareils électroniques usagés passent pour des « déchets ». On s’intéresse avant tout aux matériaux de valeur qui peuvent en être extraits, à la pollution qui résulte de leur élimination ou de leur recyclage imparfait ainsi qu’à l’injustice mondiale qui co...
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Veröffentlicht in: | Techniques et culture (Paris) 2016-12 |
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1. Verfasser: | |
Format: | Artikel |
Sprache: | fre |
Online-Zugang: | Volltext |
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Zusammenfassung: | Depuis une quinzaine d’années environ, les appareils électroniques usagés passent pour des « déchets ». On s’intéresse avant tout aux matériaux de valeur qui peuvent en être extraits, à la pollution qui résulte de leur élimination ou de leur recyclage imparfait ainsi qu’à l’injustice mondiale qui conduit les régions pauvres du globe à accueillir et à transformer les biens de consommation abandonnés dans les régions riches. Mais un téléviseur hors d’état est-il vraiment l’équivalent d’un tas de vieux journaux ou d’une bouteille en plastique vide ? Qu’en est-il des éventuelles différences au niveau de la matérialité de ces objets et de leur potentiel de réutilisation ?Cet article se penche sur un des nombreux réseaux mondiaux qui permettent à des objets déclarés « en fin de vie » de renaître, c’est-à-dire de bénéficier d’un prolongement de leur durée d’utilisation. Sur la base d’un cas pratique centré sur les moniteurs à écran plat en Chine du Sud, je démontre que le secteur de la récupération, de la remise à neuf et de la revente d’appareils et composants électroniques est rendu invisible par la prédominance d’une approche binaire de ces objets en tant que produits neufs ou rebuts. Cela a de nombreuses répercussions, notamment pour les commerçants et les artisans impliqués dans de telles pratiques, qui se voient contraints d’opérer dans la clandestinité.On pourrait être tenté d’associer le secteur chinois de la réutilisation de matériel électronique au regain d’intérêt dont les pratiques de réparation et d’entretien bénéficient aujourd’hui en Europe et en Amérique du Nord. Je soutiens cependant qu’il fonctionne selon des logiques différentes. Tandis que la redécouverte de la réparation dans nos contrées doit beaucoup à une prise de conscience croissante – en particulier au sein des couches aisées de la population – des effets délétères des modes de consommation, de production et d’élimination contemporains ainsi qu’à une recherche de solutions alternatives, la remise à neuf en Chine représente avant tout un gagne-pain pour les individus qui la pratiquent. Certes, ce type d’activités contribue à atténuer l’impact négatif du capitalisme industriel, ce qui mérite d’être mis en évidence et valorisé, mais elles dépendent des modes de fonctionnements fondamentaux de ce système et, par conséquent, ne les remettent pas en question. |
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ISSN: | 0248-6016 1952-420X |