L’identification

Dans les pays musulmans, avant l’instauration de l’état civil, les gens déclinaient leur identité de manière différente selon l’interlocuteur et la situation. De ces variations complexes un seul aspect avait fait l’objet jusqu’ici d’études savantes, l’onomastique, plus particulièrement l’étude des n...

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Veröffentlicht in:Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée 2010-07
Hauptverfasser: Aillet, Cyrille, Alfonso, Esperanza, Bouquet, Olivier, Brisson, Thomas, Chih, Rachida, Djaoud, Smaïl, Doraï, Mohamed Kamel, Ginouvès, Véronique, Grangaud, Isabelle, Guéno, Vanessa, Kazazian, Anne, Khoury, Gérard D, Labrusse, Rémi, Langella, Maria-Luisa, Longuenesse, Elisabeth, Marino, Brigitte, Michel, Nicolas, Moukarzel, Pierre, Nef, Annliese, Nigst, Lorenz, Oualdi, M’hamed, Panzac, Daniel, Peyssard, Jean-Christophe, Renterghem, Vanessa Van, Seniguer, Haoues, Siino, François, Tamdoğan, Işık, Tillier, Mathieu
Format: Artikel
Sprache:fre
Online-Zugang:Volltext
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Beschreibung
Zusammenfassung:Dans les pays musulmans, avant l’instauration de l’état civil, les gens déclinaient leur identité de manière différente selon l’interlocuteur et la situation. De ces variations complexes un seul aspect avait fait l’objet jusqu’ici d’études savantes, l’onomastique, plus particulièrement l’étude des nombreux éléments qui composent le « nom arabe », référent culturel prestigieux dans l’ensemble du domaine arabo-musulman, mais non exclusif. Le présent volume propose d’étendre l’enquête au plus large éventail possible de situations dans lesquelles ont été posées les questions par lesquelles on définira concrètement l’identification : qui es-tu ? (interaction directe entre les personnes, à visée de reconnaissance) ; qui est-il/elle ? (question qui implique une norme) ; qui est qui ? (avec un objectif de classement et de hiérarchie). Les études historiques réunies ici visent à éclairer les situations d’identification et les réponses qui y étaient apportées, en étudiant les intervenants, leur position respective et les enjeux souvent complexes qui se dissimulaient derrière ces questions apparemment simples. C’est à ce voyage conceptuel, plutôt qu’à une histoire linéaire, qu’invite ce volume. Avant même d’être individualisées, les personnes étaient caractérisées par des marqueurs identitaires, parfois accumulés de manière redondante dans les éléments du nom, le titre, l’habillement, la gestuelle, la langue et la manière de l’utiliser, etc. Ces signes, perçus comme immuables et essentiels dans un univers où l’habit faisait le moine, étaient en fait changeants comme les enjeux qui les justifiaient, et leur sens en était affecté. L’individuation, plus ou moins poussée, était requise dans certaines situations, notamment par le droit musulman attentif à qualifier et valider les actions et les personnes. Elle se heurtait à mille limites, y compris au cœur du droit ; et l’incertitude sur l’identité réelle des personnes, hantise des juristes et des juges, pouvait selon les occasions et les intérêts être vécue sans grand embarras. Pouvoirs et dominants faisaient de la prescription des identités un instrument de leur domination, en particulier aux deux extrémités de l’échelle sociale, vis-à-vis des esclaves comme des privilégiés — c’étaient parfois les mêmes. Ces prescriptions, dont une grande partie de la société pouvait s’accommoder ou les ignorer, n’avaient de toute façon pas la visée simplificatrice et unificatrice que les États en voie de modernisation ont développée à
ISSN:0997-1327
2105-2271
DOI:10.4000/remmm.6548