Bandes dessinées et romans graphiques au travail

La bande dessinée conduit à observer le travail de multiples façons. Elle permet de mettre le travail en image, de nombreuses publications décrivant nombre de pratiques professionnelles. Ce phénomène est accentué par le développement des romans graphiques, qui articule bien souvent souci documentaire, inspiration autobiographique, volonté d’enquête et travail de terrain. Elle questionne aussi le travail en tant qu’activité sociale impliquant tout un ensemble d’acteurs et d’actrices, qui participent au processus d’édition et rencontrent des nombreuses difficultés pour rentrer dans le secteur malgré l’existence de plafonds de verre selon l’origine sociale, culturelle ou socio-sexuelle… Se pose dès lors la question suivante : En quoi le travail mis en images est-il affecté et orienté par l’organisation et les modalités du travail de l’ombre ? Pour y répondre, ce numéro thématique d’ITTI interroge l’articulation entre deux dimensions complémentaires. La première concerne les acteurs et les actrices du secteur, leurs caractéristiques sociales, leurs parcours professionnels, la division du travail, les rapports sociaux de production, les modalités d’apprentissage et d’insertion. La seconde renvoie au contenu même des productions : quelle place y tient le travail ? Quels types et aspects du travail y sont retenus, montrés et de quelle manière ? En quoi peut-on y lire la marque de celui des acteurs et des actrices du secteur ? L’articulation entre ces deux pôles a servi de fil rouge à la construction du numéro et a été traitée en soi, de manière centrale ou périphérique, au sein de plusieurs contributions : celles-ci ont intégré des croquis, cases, planches dans leur démonstration, soulevant de fait une question nouvelle, concernant la place du dessin dans l’écriture scientifique.