Les Bérénice de Faustin Linyekula : approche interculturelle et historicité plurielle du répertoire classique
La mise en scène d’une pièce classique reconduit-elle toujours les valeurs dominantes et sert-elle seulement la tradition patrimoniale, ou peut-elle être aussi l’occasion d’une critique des hiérarchies culturelles et du canon dramatique ? Telle est la question qui traverse les deux spectacles que le...
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Veröffentlicht in: | Etudes epistémè 2021-11 |
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1. Verfasser: | |
Format: | Artikel |
Sprache: | eng |
Online-Zugang: | Volltext |
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Zusammenfassung: | La mise en scène d’une pièce classique reconduit-elle toujours les valeurs dominantes et sert-elle seulement la tradition patrimoniale, ou peut-elle être aussi l’occasion d’une critique des hiérarchies culturelles et du canon dramatique ? Telle est la question qui traverse les deux spectacles que le chorégraphe congolais Faustin Linyekula consacra à Bérénice en 2009-2010. Dans sa mise en scène au Studio-Théâtre, la distribution transculturelle et transgenre invite à lire Bérénice, tragédie de l’expulsion et de la succession, au double prisme de la tradition sédimentée de la Comédie-Française et des violences de l’histoire coloniale. L’année suivante au Festival d’Avignon, Linyekula présente une adaptation interculturelle, Pour en finir avec Bérénice, qui interroge le rôle de l’enseignement du théâtre classique dans la domination linguistique imposée par le pouvoir colonial, ainsi que le rapport troublé que les sujets colonisés ont été conduits à entretenir avec leur identité et leur héritage. En faisant « danser » et « crier » les corps de Bérénice, souvent érigée en emblème du classicisme, Linyekula renverse bien sûr le mythe tenace d’un théâtre racinien du seul langage. Mais surtout, il fait du sujet de la pièce racinienne l’occasion d’une réflexion militante : l’historicité plurielle de ses spectacles sert à exhumer les oublis de l’historiographie officielle, à interroger la dialectique de l’appartenance et de l’étrangeté dans l’identité postcoloniale et à questionner le statut du répertoire classique comme objet culturel universel. |
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ISSN: | 1634-0450 |
DOI: | 10.4000/episteme.13065 |