De la bataille des chiffres à la bataille des mots. Tensions autour de la fabrication d’une crise

Quand un cyclone frappe l’Asie du Sud Est, un conflit se déclenche au Moyen-Orient, ou un tremblement de terre secoue l’Amérique du Sud, ces événements ne sont pas (re)connus en tant que « crises humanitaires » avant d’avoir été qualifiés, quantifiés puis diffusés. Les individus, animaux, végétaux,...

Ausführliche Beschreibung

Gespeichert in:
Bibliographische Detailangaben
Veröffentlicht in:Communication, technologies et développement technologies et développement, 2017
1. Verfasser: Stratigos, Jean-Marie
Format: Artikel
Sprache:fre
Online-Zugang:Volltext
Tags: Tag hinzufügen
Keine Tags, Fügen Sie den ersten Tag hinzu!
Beschreibung
Zusammenfassung:Quand un cyclone frappe l’Asie du Sud Est, un conflit se déclenche au Moyen-Orient, ou un tremblement de terre secoue l’Amérique du Sud, ces événements ne sont pas (re)connus en tant que « crises humanitaires » avant d’avoir été qualifiés, quantifiés puis diffusés. Les individus, animaux, végétaux, lieux, objets qui participent de la « catastrophe » doivent être redéfinis dans le vocabulaire de l’humanitaire pour exister. Les individus deviennent des « sinistrés », des « sans-abris », des « déplacés », des « victimes » ; dans un second temps, ils pourront devenir des « bénéficiaires ». Les bâtiments, les arbres, les champs, les voitures deviennent des « dégâts » ; ils pourront ensuite devenir des projets. Toutes ces catégories nouvellement créées justifient la présence des programmes d’aide, de la communauté humanitaire, de ses personnels et de ses activités. Sans processus de quantification et de qualification, sans diffusion de l’information, la crise n’existe pas, et l’aide humanitaire non plus. La fabrication de la crise est donc un moment essentiel qui repose sur la collecte, la mise en forme et la diffusion de l’information. Ce processus qui repose sur la maîtrise des technologies de l’information et des techniques de la communication est aussi le théâtre de tensions et de compétitions entre les différents acteurs de l’humanitaire qui veulent le contrôler. Sur la base d’un travail ethnographique mené en 2007 et 2008 à Madagascar, ce sont ces tensions entre les humanitaires internationaux et leurs contreparties nationales lors du passage des cyclones Fame et Ivan que nous étudierons dans ce travail.
ISSN:2491-1437
DOI:10.4000/ctd.823