Des cruautés honteuses ?
Les violences commises par les réformés du temps des guerres de Religion entrent en contradiction avec le récit victimaire du passé huguenot construit par les historiens protestants des années 1830-1960. Cet article a pour objectif de comprendre la manière dont les héritiers de la Réforme qui écrive...
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Veröffentlicht in: | Chrétiens et sociétés 2023-05, p.99-120 |
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1. Verfasser: | |
Format: | Artikel |
Sprache: | fre |
Online-Zugang: | Volltext |
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Zusammenfassung: | Les violences commises par les réformés du temps des guerres de Religion entrent en contradiction avec le récit victimaire du passé huguenot construit par les historiens protestants des années 1830-1960. Cet article a pour objectif de comprendre la manière dont les héritiers de la Réforme qui écrivent l’histoire de leur communauté au cours de cette période font face aux cruautés potentiellement honteuses de leurs pères. Fondée principalement sur 26 ouvrages d’histoire du christianisme et du protestantisme, cette enquête examine, en particulier, les relations de l’iconoclasme huguenot, des violences perpétrées par le baron des Adrets, de l’assassinat du duc de Guise par Jean Poltrot de Méré et du massacre de catholiques à Nîmes en 1567 (la Michelade). Les historiens protestants, qui expriment fréquemment leurs sentiments sur le passé, condamnent très largement les excès de leurs coreligionnaires durant les troubles civils et religieux du xvie siècle. Cependant, dans les sources consultées, seul le pasteur François Puaux met en valeur sa honte à propos de l’iconoclasme et de la Michelade. Cette posture originale s’explique sans doute à la fois par le style vibrant de l’auteur et par son souci de rendre convaincante sa dénonciation de la férocité des « papistes ». De manière générale, les historiens rendent compte des actes de leurs prédécesseurs en s’efforçant de maintenir la tonalité victimaire de l’épopée huguenote : ils soulignent les circonstances atténuantes permettant de comprendre les violences des calvinistes, présentent le baron des Adrets et Poltrot de Méré comme des cas particuliers qui ne déshonorent pas la Réforme, et s’efforcent d’innocenter les théologiens et les chefs protestants. |
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ISSN: | 1257-127X 1965-0809 |
DOI: | 10.4000/chretienssocietes.9489 |