Les Turcs dans Ţiganiada de Ion Budai-Deleanu
La Ţiganiada d’Ion Budai-Deleanu, un des pères de la langue roumaine moderne, est une épopée placée dans la Munténiedu XVe siècle et structurée sur deux plans : d'une part, un plan comique créé par le pittoresque du campement des « Tsiganes », mobilisés pour combattre les Turcs par le prince Vl...
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Veröffentlicht in: | Cahiers balkaniques (Paris) 2009, p.231-241 |
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1. Verfasser: | |
Format: | Artikel |
Sprache: | fre |
Online-Zugang: | Volltext |
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Zusammenfassung: | La Ţiganiada d’Ion Budai-Deleanu, un des pères de la langue roumaine moderne, est une épopée placée dans la Munténiedu XVe siècle et structurée sur deux plans : d'une part, un plan comique créé par le pittoresque du campement des « Tsiganes », mobilisés pour combattre les Turcs par le prince Vlad l'Empaleur, surnommé Dracula, et, d'autre part, un plan héroïque constitué par les actions de ce prince et son armée. La promesse d’émancipation des Rroms esclaves, avec attribution d'un territoire, en échange de leur alliance au combat est une pure fiction et même un anachronisme pour le XVe siècle. Mais à travers cette idée, Budai-Deleanu se révèle visionnaire et partisan du mouvement d’abolition de l'esclavage des Rroms qui n'arrivera à ses fins que le 20 février 1856. En raison de son insoumission entêtée au sultan Mahomet II, son courage et ses capacités stratégiques, Vlad l'Empaleur devait rester dans l'histoire roumaine comme un patriote qui voulait protéger son pays contre l'expansion ottomane – même s'il est plus connu à l'étranger sous la caricature d'un vampire. La Ţiganiada doit être appréciée avant tout comme une allégorie où le plan de la fiction remplace souvent le plan réel. Mais l'auteur, chargé d’un idéal patriotique, nous présente aussi le plan réel avec ses particularités historiques et nationales. La lutte opiniâtre de la petite armée roumaine formée de paysans et de boyards permet de retarder l'avancée des Turcs vers l'Europe centrale. Elle laisse ainsi le temps nécessaire à l'Europe de se préparer et de livrer des batailles dans des périodes plus favorables, avec des armes plus puissantes et plus efficaces que celles des Turcs. L'image des Turcs y est en tous points conforme à leur réputation, largement répandue dans les Balkans. Cruauté, perfidie, corruption et absence de compassion les caractérisent d'un bout à l'autre de l'œuvre, l’auteur montre cependant que ces maux n'auraient pu s'exercer sans les bassesses des boyards – voire le propre frère de Vlad, Radu le Bel, homme du sultan. |
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ISSN: | 0290-7402 2261-4184 |
DOI: | 10.4000/ceb.1543 |