L’Empire ottoman et ses vestiges dans la littérature bosniaque moderne (XIXe et XXe siècles)

Quelles sont les traces laissées par l’Empire ottoman dans la littérature bosniaque contemporaine ? L’Empire ottoman, dont l’occupation a duré du XVe au XIXe siècle en Bosnie, a laissé de nombreuses traces dans la littérature locale. De nombreux Slaves convertis à l’islam ont rédigé leurs ouvrages e...

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Veröffentlicht in:Cahiers balkaniques (Paris) 2008, p.41-60
1. Verfasser: Šamić, Jasna
Format: Artikel
Sprache:fre
Online-Zugang:Volltext
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Beschreibung
Zusammenfassung:Quelles sont les traces laissées par l’Empire ottoman dans la littérature bosniaque contemporaine ? L’Empire ottoman, dont l’occupation a duré du XVe au XIXe siècle en Bosnie, a laissé de nombreuses traces dans la littérature locale. De nombreux Slaves convertis à l’islam ont rédigé leurs ouvrages en langues orientales (le turc, l’arabe et le persan) ; leurs recueils de poésie, divan, écrits en turc ottoman, sont imprégnés de la pensée soufie (mystique musulmane). On compte des centaines d’auteurs de ce genre, phénomène ne concernant que la Bosnie parmi les pays occupés par les Ottomans. Une double identité se dégage de la poésie ottomane de Bosnie : un attachement à l’Empire, du fait de la religion musulmane, et une appartenance à leur pays ou ville natale. De très nombreux auteurs s’exprimèrent aussi en langue slave, bosniaque, en utilisant les caractères arabes (littérature dite alhamiado ou  aljamiado). Un autre genre, essentiellement urbain, la sevdalinka  est représentatif de l’art populaire musulman, très connu de nos jours dans tous les Balkans. Parmi les Bosniaques qui ont écrit en bosniaque en utilisant les caractères latins, – courant qui apparaît à la fin du XIXe siècle – citons avant tout Safvet Bey Bašagić (1870-1934) et Musa Ćazim Ćatić (1878-1915) dont la poésie témoigne du mélange des deux cultures, tout en restant un vestige ottoman. Ce mélange des cultures est visible aussi dans les ouvrages des chrétiens de Bosnie, surtout dans la poésie d’Aleksa Šantić (1868-1924). Le lyrisme et la tendresse de la vie bosniaque ottomane, qui se dégagent des pièces de ce dernier, présentent l’antipode même de l’ambiance des œuvres d’Ivo Andrić (1892-1975). La Bosnie décrite par ce prix Nobel (1961) est sombre, « pays de haine et de peur », connu sous le nom de vilayet obscur. Une autre vision du pays apparaît dans l’œuvre d’Isak Samokovlija (1889-1955). À la différence des Juifs décrits par Ivo Andrić, ceux de Samokovlija trouvent que la Bosnie est plutôt un pays d’entente. Nous trouverons les mêmes parfums et contradictions, dans les romans de Meša Selimović (1910-1982), qui ont pour cadre l’Empire ottoman ; dans un langage codé, l’auteur se servira de l’Empire et du soufisme (mystique) pour décrire son point de vue sur l’actualité.La guerre en Bosnie (1992 - 1995) marque une rupture par rapport aux thèmes cités : l’Empire ottoman n’est plus le cadre où se déroule l’histoire relatée. Maintenant, c’est le conflit ouvert, la guerre, qui l’emporte. D’un a
ISSN:0290-7402
2261-4184
DOI:10.4000/ceb.1482