La légitimation de la rébellion dans le sultanat mamelouk (xiiie‑xvie siècles). Discours juridique et pratique sociopolitique

Alors que la notion de conflit interne dans l’islam médiéval est associée à des connotations sacrées de fin des temps et d’explosion de la communauté des croyants, le cadre conceptuel qui l’entoure semble évoluer à l’époque mamelouke, tant est manifeste la fréquence de la fitna dans les chroniques....

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Veröffentlicht in:Annales islamologiques 2023-07, p.161-188
1. Verfasser: Onimus, Clément
Format: Artikel
Sprache:fre
Online-Zugang:Volltext
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Beschreibung
Zusammenfassung:Alors que la notion de conflit interne dans l’islam médiéval est associée à des connotations sacrées de fin des temps et d’explosion de la communauté des croyants, le cadre conceptuel qui l’entoure semble évoluer à l’époque mamelouke, tant est manifeste la fréquence de la fitna dans les chroniques. En même temps que le droit sur les guerres internes évolue dans le sultanat du Caire, les sources historiographiques montrent à quel point l’anathème n’est plus guère utilisé pour condamner les rebelles. Les fitna‑s deviennent alors systémiques, engagées dans le fonctionnement du régime comme un élément clef de son équilibre. Des fatwā‑s sont parfois promulguées pour condamner un rebelle mais généralement pour des crimes d’ordre civil plutôt que politique, et surtout, la plupart des révoltes ne donnent pas lieu à de tels actes juridiques. Ce sont les normes sociopolitiques et non les normes juridiques qui décidaient de l’éclatement ou non de rébellions : les émirs ou mamelouks invoquaient tantôt la capacité militaire du souverain, tantôt le consensus des émirs, tantôt les abus d’autorité, tantôt l’équité de la répartition des ressources et des honneurs pour justifier de tels soulèvements. Ce sont ainsi les normes de la pratique sociopolitique qui se sont imposées pour faire évoluer les normes juridiques et la nature du discours sur la fitna. Celle-ci ne perdit toutefois pas ses connotations sacrées mais la sacralité se déplaça de l’histoire des origines de l’islam vers l’histoire du début du régime dit « circassien » pour condamner fermement la guerre interne et faire du rebelle triomphant non point le transgresseur mais le restaurateur de l’ordre et de la justice.
ISSN:0570-1716
2429-2850