Modalités terroristes du « passage à l’acte

L’objectif de ce débat qui a eu lieu dans le cadre d’une coopération entre l’association Savoirs et clinique et Citéphilo, était d’analyser, afin d’en éclairer les causes, les événements tragiques du vendredi 13 novembre à Paris.Pour expliquer, en les distinguant, les concepts lacaniens du « passage à l’acte » et de l’ acting out , deux processus qui, souvent, restent une énigme pour l’analyste et le psychiatre, G. Morel a pris comme exemple le mot/slogan d’Angela Merkel au commencement de la crise des réfugiés : « Wir schaffen es » , ce qui signifie « on va réussir / nous y parviendrons », mais où « es schaffen » veut aussi dire « créer cela », sens qui donne bien à l’ouverture des frontières le statut d’acte.Catherine Adins, qui a décrit les entretiens qu’elle a pu avoir avec des terroristes emprisonnés, a présenté divers exemples de déclenchement d’actes criminels. Gilles Kepel, quant à lui, a rejeté l’idée selon laquelle, en France, ce serait la misère et l’injustice sociale subie par les jeunes des cités issus de familles d’immigrés venues du Maghreb qui expliqueraient les attentats terroristes. Il a en revanche souligné le sérieux de causes telles que la destruction des familles et l’absence des pères, ou encore l’effet destructeur que peuvent avoir, sur les jeunes gens qui partent en Syrie, des interprétations bornées du Coran, en même temps que l’interaction entre les chefs du groupe terroriste État islamique et les petits délinquants et trafiquants de drogue français et belges, pour lesquels, l’état islamiste lointain fonctionnant comme un Eldorado de la violence autorisée, gagner la reconnaissance de ses chefs peut représenter un idéal du moi étranger à notre conception.