Hunger in a World without Scarcity: Clashing Ethical Perspectives and the Spacetime of Immoral Food Sharing in Asmat, Indonesian Papua
Les théories anthropologiques de l’échange insistent souvent sur son importance dans la construction sociale de l’espace et du temps. Les ethnographes, pourtant, ont constaté que donner présentait un revers. La propension du don à produire des relations génère aussi de l’exclusion pour ceux qui sont...
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Veröffentlicht in: | Homme 2022, Vol.243-244 (3), p.95-128 |
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1. Verfasser: | |
Format: | Artikel |
Sprache: | eng |
Online-Zugang: | Volltext |
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Zusammenfassung: | Les théories anthropologiques de l’échange insistent souvent sur son importance dans la construction sociale de l’espace et du temps. Les ethnographes, pourtant, ont constaté que donner présentait un revers. La propension du don à produire des relations génère aussi de l’exclusion pour ceux qui sont témoins de la transaction sans être invités à y prendre part ; ceux-là perçoivent volontiers la transaction dont ils sont écartés comme une pratique immorale. Tandis que cette dimension négative du don est souvent présentée comme un risque à limiter, j’examine son potentiel de production sociale à travers une analyse du « partage à la demande » chez les Asmat de Papouasie indonésienne. Les Asmat conçoivent leur monde comme étant pourvu de ressources infinies, mais doivent pourtant faire assez souvent l’expérience de la faim. Plutôt que d’attribuer celle-ci à la pénurie de vivres, ils l’expliquent par l’immoralité des pratiques de partage des autres. Dans un contexte où le don de nourriture est le principal moyen d’établir des relations et où il est impossible d’en refuser à qui la demande, la perspective de « manger tout seul » est une puissante évocation d’action sociale immorale – mais libidinalement désirable. Bien qu’il soit virtuellement irréalisable, ce fantasme imprègne et met en mouvement l’ensemble des relations de parenté à travers l’espace et le temps, alors que chacun manœuvre pour contrôler la distribution de nourriture en jouant sur des patterns de coprésence et de séparation lors des repas. En proposant une comparaison avec le modèle d’espace-temps de l’échange à Gawa, de Nancy Munn, j’avance que le décalage entre les perspectives moralisantes de ceux qui possèdent de la nourriture et de ceux qui n’en possèdent pas crée un espace-temps social centripète. Cette étude de cas illustre que la non-congruence de points de vue participe à la vie morale, qui est pour une large part une affaire de perspective, mais aussi que les jugements moraux négatifs contribuent de manière significative à mettre en branle les processus sociaux et que les relations de partage à la demande gagnent à être envisagées du point de vue de leur espace-temps. |
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ISSN: | 0439-4216 1953-8103 |
DOI: | 10.4000/lhomme.43864 |