Les échanges temporaires de parcelles entre exploitations : motivations agricoles et intérêt environnemental

Ces dernières années en France, le levier foncier consistant à acquérir des terres ou alors à encadrer les droits d'usage pour assurer la restauration et la préservation de l'eau potable a fortement été mis en avant. Bien qu'efficace, ce levier est aussi coûteux et long à mettre en place. Cette thèse explore les voies d'amélioration du levier foncier en s'intéressant aux possibilités qu'offrent les échanges temporaires de parcelles entre agriculteurs pour réduire la pression environnementale de l'activité agricole. Les pratiques d'échanges de parcelles entre agriculteurs renvoient à une diversité de logiques d'action qui se traduisent par des changements temporaires de droits d'usages sur le foncier. Au prisme de l'agronomie des territoires et de la sociologie du droit foncier, la thèse s'attelle à comprendre les motivations agricoles des échanges temporaires de parcelles. Elle évalue aussi les impacts environnementaux et économiques de cette pratique et discute des conditions de sa mobilisation comme levier d'action environnemental.Ce travail a été mené sur l'aire d'alimentation de captage d'Escrebieux située dans le nord de la France. Les données du Registre Parcellaire Graphique (RPG 2015-2019) ont permis d'identifier et de caractériser les situations des échanges temporaires de parcelles entre exploitations. Les données issues d'enquêtes en exploitation ont aidé à comprendre les motivations agricoles. La combinaison de ces deux sources d'information couplé aux données nationales issues des enquêtes pratiques culturales (AGRESTE) ont permis d'évaluer les impacts environnementaux et économiques. Les résultats tendent à montrer que les échanges temporaires de parcelles relèvent d'une stratégie d'allocation des cultures aux parcelles conduisant à une plus grande diversité des successions culturales sur les parcelles des exploitations qui y ont recours, en comparaison des exploitations qui n'en font pas. Ils montrent aussi que lorsque les échanges temporaires de parcelles se font de manière occasionnelle, ils contribuent à réduire la pression phytosanitaire (notamment herbicide) et à améliorer les performances économiques d'une certaine catégorie d'exploitations qui y ont recours. Enfin, cette analyse montre que la mobilisation des échanges temporaires de parcelles comme levier d'action environnemental dépend fortement des caractéristiques agricoles du territoire concerné et des perspectives d'évolution agricole envisagées.Les connaissances produites dans c